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Critique de colimasson


Et si le Phénomène humain s'inscrivait en précurseur de la déferlante des livres New Age et de pseudo-développement-personnel ? On y retrouve, à quelques décennies près, les mêmes défauts : amalgame des concepts scientifiques, psychologiques et spirituels agrémenté d'un enthousiasme qu'on soupçonne moins spontané que simulé dans un art inconscient de la propagande.


Teilhard de Chardin revendique l'entreprise scientifique de sa démonstration. Celle-ci reconnaît les découvertes récentes de la science et se montre cohérente, à condition que l'on admette les présupposé de son auteur : pluralité, énergie, système quantum et totum deviennent les axiomes d'une nouvelle science tardive. Plus ridicule que l'officielle, parce que née de la volonté d'un seul homme et parce qu'elle s'aligne sur les mêmes rigueurs, alors qu'elle revendique la volonté d'une plus grande liberté. Démonstration, comme toutes les démonstrations, moins justifiée par le désir de la Vérité que par le désir de prouver une vérité individuelle : prouver que le Christ serait l'axe et la fin de tout évènement du monde, le point Oméga vers lequel convergent toutes les forces montantes de la science, de la philosophie et de la religion. Les présupposés de cette théorie sont le primat du psychique et de la pensée dans l'Univers et la valeur biologique attribuée au fait social, si bien que Teilhard de Chardin se montre humaniste, matérialiste et socialiste, avec toutes les dérives qu'un enthousiasme incontrôlé peut susciter. Dans une pluie de pétales de roses veloutés, il imagine un avenir doucereux brodé par les doigts agiles de la science : hormones pour contrôler le développement du corps, gènes pour contrôler le mécanisme des hérédités. Ceci avec toutes les plus bonnes et sincères intentions du monde.


Le cerveau de Teilhard de Chardin fonctionnait sans doute très bien et se peuplait d'idées originales, un peu fofolles comme de jeunes pousses qui cherchent encore la direction de la lumière, mais le langage qu'il emprunte pour les exprimer est périmé. A la limite peut-on lire son ouvrage pour se dégoûter de toute entreprise de théorisation. Avec le recul, on se rend compte que la vulgarisation des connaissances engendre des chimères qui peuvent être terrifiantes lorsqu'on les dote d'un grand pouvoir, ou ridicules lorsqu'elles se plantent, comme ce fut ici le cas pour Teilhard de Chardin.


En conclusion, on ne retiendra qu'une idée majeure : « Relier entre elles d'une manière cohérente les deux énergies du corps et de l'âme : la Science a pris le parti d'ignorer provisoirement la question ». A la limite, cette proposition a encore du chemin à faire.
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