Petite, je disais que je voulais me marier avec toi

Qu'il est douloureux d'avoir conscience de ce que l'on est amené à perdre au fil du temps ! Il semble que la vie soit faite pour être rejetée, afin que le dénouement qu'elle offre soit plus facilement accepté.

Ton regard est figé sur l’homme, qui tient le sien rivé sur ton panier. Tu rougis à l’idée qu’il jauge ta récolte. Elle est faible, comparée à celle des autres. Tu en as conscience. D’ailleurs, l’enfant derrière toi, bien qu’il soit plus jeune – et qu’il ait commencé le travail aux champs après toi –, a déjà rempli le sien une première fois.

De l’index, il te montre une étoile qui brille plus que les autres dans le noir. Il affirme qu’il s’agit de l’étoile Polaire, et tu observes l’astre qu’il te désigne avec d’autant plus d’intérêt que tu connais son nom, à présent. Elle indique le nord. Longtemps, elle a offert aux navigateurs un moyen de s’orienter. Tu la scrutes, séduit par son histoire, tandis que la belle s’évertue à illuminer l’obscurité de la nuit, comme si elle était consciente de l’adoration qu’elle suscite autour d’elle.

Elle est venue t’apporter le réconfort dont tu as besoin. Elle n’est qu’une enfant, pourtant. Elle est jeune, encore. Au fond, tu n’es pas certain qu’elle soit capable de remplacer l’amour de ta mère. Tu t’accroches cependant à ce mirage, comme si ta vie en dépendait ; tu te laisses gagner par la plénitude qu’elle s’évertue à créer autour de toi. Et tu es prêt à t’abandonner à tes rêves, quand deux autres bras – robustes, ceux-là – t’encerclent et te dérobent à elle.

Tout est fait pour atténuer sa tristesse et son chagrin. Bien sûr, c’est peine perdue : elle ne s’en remettra pas. Et elles ont beau répéter que c’est la volonté du ciel ; elles peuvent bien la forcer à conserver, dans la paume de sa main, ce morceau de terre qui recouvrira le corps du bébé qu’il y a encore quelques mois elle portait dans son ventre, ses sanglots redoublent d’intensité. Elle lutte, résiste ; elle veut contester cette décision céleste, comme si elle pouvait gagner en s’opposant à la vie.  

Il faut savoir d'où l'on vient pour ne pas se perdre sur la route qui mène à nos rêves.

Les causes perdues d'avance ne peuvent que blesser ceux qui tentent de les sauver.

Le bonheur est indescriptible quand il est authentique.

N'est-ce pas la seule manière de survivre, après tout ? Accepter les déboires de l'existence quand ils vous frappent ; apprécier le bonheur chaque fois qu'il se présente.

Il ne regrette rien, tout ce qu'il a fait, c'est pour vous. Il n'a jamais vécu pour lui-même et n'aurait eu aucun mérité à le faire.