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Critique de moertzombreur


"Je prie les oiseaux parce que je crois qu'ils portent les messages de mon coeur vers les cieux. Je prie les oiseaux parce que je crois en leur existence, en la façon dont leurs chants commencent et finissent chaque journée - invoquant et bénissant la Terre. Je prie les oiseaux parce qu'ils me font penser à ce que j'aime et non pas à ce que je redoute. Et à la fin de mes prières, ils m'enseignent comment écouter".
Le roman mélange habilement la chronique d'une famille et la description de la multitude d'oiseaux qui trouvent refuge autour du Grand Lac Salé, évoquant aussi la culture mormone. le roman s'articule autour d'un double moment de crise : la crue du lac qui menace tout un écosystème, et la progression inéluctable du cancer dont souffre la mère de l'auteur. Cette dernière raconte, avec une grande sensibilité, que quand quelqu'un meurt d'un cancer cela se fait par paliers, et qu'une partie de ses proches meurt en même temps que lui, impuissants à faire cesser la souffrance de l'autre, priants pour retrouver leur vie d'avant, pour que cela cesse. le processus cancéreux est comparé à celui de l'écriture : "Les idées émergent lentement, silencieuses et
d'abord invisibles. La plupart du temps, ce sont des idées anormales, des idées qui dérangent le quotidien, l'habitude. Elles se divisent et se multiplient, deviennent invasives. Avec le temps, elles se coagulent, se consolident et se signalent à notre conscience". J'ai longtemps hésiter avant de me lancer dans cette lecture, mais il dégage une telle force, un tel souffle, que je n'ai eu aucun regret. Cela fait du bien de pleurer, mais la grand-mère de l'auteur ajoute : "seulement si tu sais que tes larmes ont une fin". Dans le cas contraire, l'insupportable peut vous prendre dans ses griffes, ne plus vous lâcher et vous conduire à quitter le vie. Ce n'est pas ce chemin qu'emprunte l'auteur, nous laissant ainsi une lueur d'espoir, mais la conclusion du livre est terrible, une gifle cinglante. Ce roman pourrait être une arme efficace pour lutter contre les inconscients, les assassins sans couteaux, qui défendent et militent encore, contre toute raison, pour le maintien du nucléaire sous toutes ses formes.
L'âme humaine doit se baigner dans la mouvance réglée du temps et de l'espace, comme un écume organique portée et emportée par des vagues successives de morts et de naissance, elle est comme une étrangère, mélancolique mais gardant l'espoir : sa solitude contemplative dans l'immensité sidérale du monde intelligible. "La vie tout entière d'un individu n'est autre que le processus qui consiste à se mettre soi-même au monde ; notre naissance devrait donc être complètement achevée au moment de notre mort", Terry Tempest Williams citant Pete Fromm.
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