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Critique de belette2911


Ça, c'est ce qui s'appelle une lecture "coup de poing uppercut"... Assurément, âmes sensibles, abstenez-vous d'ouvrir pareil livre, vous le refermeriez bien vite. Ce roman est donc à ne pas mettre entre toutes les mains, c'est pour cela que je ne le conseillerai qu'aux lecteurs avertis.

Comment vous expliquer cette lecture très sombre, cette violence qui suite de toutes les pages, tout en vous expliquant que "Satan dans le désert" est un roman hallucinant et que je l'ai apprécié ?

Le pitch : Bob Hightower est ce qu'on appelle un flic "pépère", assis derrière son bureau, dans un bled proche de Los Angeles, à la frontière du désert.

Il est divorcé, adore sa fille et tout irait bien dans sa vie si on n'avait pas retrouvé son ex-femme et son nouveau mari plus que sauvagement assassinés... Et quand je dis "sauvagement", je suis encore gentille... le chien et le cheval sont dans le même état et Gabi, sa fille chérie de quatorze ans, est introuvable parce qu'enlevée.

Bob est dépourvu de moyen, il n'a pas de piste, contrairement au lecteur, puisque nous savons déjà "qui" est le commanditaire de toute cette sauvagerie, nous savons "qui" l'a perpétré, mais nous ignorons le "pourquoi".

C'est une ancienne toxico, Case, qui va donner une piste à Bob. Lorsqu'elle a lu le fait divers qui se rapportait à la tuerie, elle a reconnu la marque de Cyrus : un mec taré, violeur, assassin, dealer, nihiliste, maquereau, tortionnaire... La totale, quoi. Un type qui prend plaisir à détruire l'innocence, à faire plonger des enfants dans la dépendance et à leur faire subir les pires perversions sexuelles ou tortures de malade. Il pratique aussi son art de la torture sur des adultes, juste pour le plaisir.

Comment elle le sait ? À votre avis ? Case a fait partie de sa bande, enfin le mot "secte niant Dieu" serait plus adapté. Elle a réussi à s'en sortir, plus morte que vivante et elle accepte d'aider Hightower, le "mouton" qui veut s'attaquer à des "loups", trouvant ainsi une occasion de se venger de ce qu'elle a subit. Et puis, Case, c'est aussi un loup...

Road movie d'enfer, traque sans pitié où tous les coups sont permis, où les chasseurs prennent le risque de devenir gibier et où notre flic pèpère va devoir se transformer en loup pour faire couleur locale et tenter de se frayer un passage entre les crocs du diable sans y laisser trop de plumes.

Et puis, parfois, les braves gens peuvent cacher une face sombre qui est aussi tordue que les pires psychopathes avec lesquels ils font affaire...

De toute façon, on sait que s'ils sortent gagnant de leur cavale contre Cyrus, personne n'en ressortira indemne psychologiquement parlant.

Bien que la prose de l'auteur ne soit pas toujours d'une grande finesse (c'est pas Lehane), j'ai été emporté par cet espèce de road-movie, cette course vers la mort qui se déroule dans la chaleur suffocante du Nouveau Mexique et il me fut impossible de lâcher le bouquin avant d'être arrivé à la fin ! J'étais excité comme une puce au salon de la moquette.

Niveau dialogues, ils sont percutants, très crus et imbibé de discours sur la religion, le Bien, le Mal, Dieu... et autres imprécations démentes. Bref, ça clashe souvent.

Si la prose de Bostan Teran n'est pas "exceptionnelle", ses mots ont tous été des coups de poings dans ma face, ses phrases sont tranchantes comme la lame affûtée du couteau de Jack l'Éventreur et quand je pensais qu'il m'avait amené au bout de l'horreur, et bien non, il est allé encore plus loin. Simple mais incisif et saisissant.

Au final, une sacrée descente en enfer de plus de quatre cent pages qui se dévorent la rage aux tripes, sans pouvoir lâcher le bouquin, tant on a envie de savoir si Bob et Case vont arriver victorieux au bout de leur voyage dans les entrailles du Mal et si Gabi, la fille de Bob, en ressortira vivante. Savoir dans quelle mesure ce voyage les aura changé, aura changé leur vision des choses.

Niveau des personnages, j'ai eu un gros faible pour Case, sans cesse en lutte avec ses vieux démons qui sont "cocaïne" et "souvenirs horribles".

Elle et Bob forment un duo détonnant qui ne se serait jamais croisé sans la tuerie et l'envie de Case d'en finir avec son passé. Ils sont plausibles et l'auteur ne brûle pas les étapes dans le récit de leur animosité qui se transforme petit à petit en respect profond, la confiance s'installant au fur et à mesure. de plus, nos deux amis ne sont pas des héros tout blanc... Ils ont leur part d'ombre.

Niveau du Méchant et de sa bande, ils sont abominables, sans pitié, sans coeur, sans empathie, ayant eu, eux aussi, leurs traumatismes. On aurait d'ailleurs tort de considérer Cyrus comme "juste" un dingue ou juste un "simple" psychopathe. Ce sadique possède de multiples talents et l'intelligence ne lui fait pas défaut. Un expert dans la propagation du Mal : la peur est un bonheur pour lui, la souffrance une plénitude, la violence un véritable orgasme ou une thérapie à l'hypocrisie de ce monde.

Rien ne sera épargné aux personnages : des morts violentes, du sang, des scènes de tortures, des viols, un petit shoot,... Bref, ils peuvent déposer plainte de suite contre l'auteur !

Niveau rythme de l'histoire, je ne savais pas à quoi m'attendre, pestant un peu que, dès le départ, on sache "qui" a commandité la tuerie et qui l'a exécuté...

C'était sans compter sur le talent de l'auteur pour me réserver quelques belles surprises durant ma lecture et pour m'emmener dans un voyage apocalyptique où quand on pense que tout est fini, ben non, il en reste encore dans le moteur !

On peut dire que Boston Teran a porté son polar à des sommets de violence que je n'avais pas encore rencontrés... sans jamais se départir d'un style d'écriture étonnant (simple mais percutant). Assurément, "Satan dans le désert" ne m'a pas laissée indifférente et j'en suis sortie groggy.

Alors, si vous adorez les cocktails "violence" mélangés à la poudre de fusil, additionné de drogues-sang-viols-tortures, le tout macérant dans du mezcal avec une touche de tabasco pimenté, foncez !

Lien : http://the-cannibal-lecteur...
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