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Critique de motspourmots


Sacré voyage que nous propose Pierre Terzian, bien loin de l'immersion en terre inconnue - en l'occurrence la découverte de Montréal par le prisme de ses garderies d'enfants - pleine de sourires qu'il nous avait offerte dans Ça fait longtemps qu'on s'est jamais connu. La veine ici est dystopique, vision hallucinante d'un futur possible et questionnement halluciné autour de la quête d'un autrement. Il faut accepter de lâcher prise et se laisser porter par le travail de la langue et du rythme qui épousent les sensations de cette aventure étonnante.

Samuel a 18 ans et pas grand-chose à espérer de son environnement : une France sans plus d'État ni de fonctionnement, un territoire livré aux affrontements entre milices, on ne sait pas vraiment comment tout ceci est arrivé mais dans la ferme familiale en Seine et Marne la seule perspective est la survie. Alors Samuel et sa jeune soeur Betty se résignent au départ, direction Le Havre où l'on peut parait-il trouver un bateau, un passeur, et embarquer pour le Nouveau Monde. le Québec, pour Samuel fait figure d'Eden. C'est à la hauteur de Samuel que nous suivons ce périple chaotique et découvrons la réalité du territoire dépeint par l'auteur, sur la route donc, sans apocalypse mais avec les stigmates d'une longue agonie. L'espoir rayonne dans le coeur de Samuel, dans le lien virtuel qu'il a entretenu avec Diego438 à l'origine de ce périple, dans son désir de protéger sa soeur. Rythme effréné comme au son des battements du coeur du jeune homme. Mais le lecteur n'a encore rien vu, le voyage qui débute à partir du Havre, personne n'aurait pu l'imaginer, ni Samuel ni le lecteur qui entame avec lui cette mise à nu totale, source de bien des questionnements.

A ce moment le récit bascule dans l'exploration de l'utopie du recommencement, sorte de reset de toutes les mémoires de l'être humain. On est tenté de crier parfois au grand n'importe quoi mais quelque chose retient, qui a trait à la conscience que l'on a de notre empreinte terrible sur le monde, de notre programmation neuronale à un certain système fait de bruit et de multitude, et à la certitude que la cure de désintoxication ne peut pas être facile. Surtout, l'exercice littéraire est assez stupéfiant, organique, poétique, vivant. Il est question d'essence. D'essentiel. Pierre Terzian pousse le curseur très loin, bouscule, déstabilise, perd son lecteur autant que son héros. Il utilise tout le potentiel de la littérature et de l'imaginaire pour interroger nos propres envies de changement. Oui, il faut lâcher prise, se laisser immerger, nettoyer, réinitialiser, apprendre à se taire pour parler mieux. Suffit de suivre le guide.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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