AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de michfred


Décidément, j'aime Steeve Tesich...même si je fais sa découverte à rebrousse-poil!

Price est moins abouti que Karoo: scénario plus linéaire, héros moins surprenant, ton moins caustique...et pourtant Price fait mouche, lui aussi!

Daniel Price est à la croisée des chemins: entre adolescence (finissante) et adulescence( redoutée), entre papa (malade, méchant, écorché vif et américain) et maman (entière, fougueuse, brutale, et serbe), entre amitiés indéfectibles de lycée (Misiora, rebelle, hargneux, provoc' et "Freud" , doux, fort, tendre) et premier amour total et dévastateur ( aah, cette Rachel, cette inoubliable Rachel, être de fuite, de contradictions et de mystères à faire pâlir toutes les Odette, toutes les Albertine et se damner tous les Narrateur, tous les Swann de la littérature!), entre le lycée rassurant mais usé comme un vieux banc d'école et l'avenir en forme de point d'interrogation ( ouvrier, comme s'y résigne Papa? voyou comme le rêve Maman? écrivain et poète comme le dicte la passion?).

Daniel Price ou le règne de l'entre-deux...

Le récit se charge de donner quelques réponses, jamais sûres, toujours nuancées à ces dilemmes successifs.

On est suspendu à ses péripéties, captif de son univers, centré dans la périphérie ouvrière de Chicago, avec quelques incursions dans la belle avenue bordée d'arbres de Rachel.

Éducation sentimentale, bien sûr, et surtout, mais aussi initiation à la vie , à la cruauté du jeu social , aux mirages du rêve américain - Daniel Price est le fils d'un ouvrer américain et d'une femme de ménage serbe : c'est aussi un roman social.

C'est sûrement aussi un roman fortement autobiographique: la série de pères réels ou figurés - vivants, morts ou en voie d'auto-destruction - tous assez mortifères et castrateurs, fait mieux comprendre, a posteriori, le personnage calamiteux et émouvant de Karoo...

L'ombre du père plane sur tous les personnages de ce grand premier roman."Tuer le père " semble être pour eux tous la première marche vers la liberté et la solitude assumée et souvent douloureuse de l'âge adulte.

Un beau livre -l'objet -livre lui-même est beau chez Monsieur Toussaint Louverture!- et un roman attachant , sincère et profond.
Commenter  J’apprécie          296



Ont apprécié cette critique (28)voir plus




{* *}