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Critique de Maraban


L'auteur nous présente et explique les différentes problématiques liées à la décision citoyenne en politique, et avance la proposition de former des Conventions de citoyens pour les résoudre.
A distinguer du Débat publique largement plus utilisé aujourd'hui, qui n'est en fait que très peu démocratique (qualitativement car les citoyens lambda ne sont par renseignés, et quantitativement car, même s'il semble que le débat soit ouvert à tous, le poids accordé aux opinions diverge fortement selon les influences des acteurs et ce n'est finalement qu'une minorité qui impose ses idées), ces Conventions de citoyens devraient s'organiser selon un plan très rigoureux et minutieusement déroulé par Jacques Testart : il importe en effet de ne pas influencer le groupe de citoyen, de le constituer de "gogos" indépendants de toute rémunération, opinion déjà tranchée, et non trop similaires dans leur origine et mode de vie, et de faire reposer l'ensemble de l'opération sur le volontariat, le débat éclairé, et surtout, le souci du bien commun.
Similaire au "voile d'ignorance" de John Rawls, qui ne permet le détachement que des biais personnels et privés des acteurs et non pas des informations rationnelles, plurielles et exhaustif nécessaires à l'examen d'une question, cette solution se présenterait donc comme un élément essentiel de la démocratie, traversé par des préoccupations éthiques, pragmatiques et citoyennes, et idéalement dépourvue de biais en tous genres. Plus qu'à prendre en compte au même titre que d'autres avis, le résultat de ces délibérations devrait être prise comme une décision citoyenne à mettre impérativement en place.
Etendre cette pratique au monde entier serait aussi souhaitable, dans la mesure où les questions contemporaines portant sur la bioéthique et l'écologie ne se confinent pas en pratique à l'intérieur des frontières (OGMs, eugénisme...). Encore une fois, il s'agirait essentiellement d'écarter toute influence privée (entreprises, labos, politiciens) des débats pour garantir une certaine authenticité du questionnement.
Une certaine réserve est d'ailleurs exprimée vis-à-vis du moyen de démocratie directe que constituerait internet, toujours à cause des problèmes énoncés plus haut au sujet du débat public, mais aussi quant à la dématérialisation des personnes, à l'éloignement des corps, qui en général, rassemblés dans une même pièce dans la durée, finissent par créer l'environnement propice à une émulation positive (par exemple, des citoyens en viennent à décider de choses en apparence contraires à leur intérêt privé et immédiat, comme l'augmentation du prix des carburants, etc).
Cet exposé est suivi d'annexes résumant quelques exemples de procédures en France, entre 1998 et 2014.

C'est un très bon livre sur ces questions, facile à lire comme il choisit de les narrer et les exposer dans un ordre logique, tout en agrémentant son texte d'exemples précis et de références riches, et en ouvrant continuellement le champ de son propos, comme dans toute bonne démarche scientifique et didactique. Ainsi, il embrasse résolument la méthode qu'il préconise, simple, claire, logique et pragmatique, sans épargner au lecteur les nuances et difficultés auxquelles elle a fait, fait, ou fera face.
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