AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de cecilit


A François Busnel qui lui demandait quelle épitaphe il choisirait, Jean Teulé avait répondu : " Et paf !"....

"Et paf !", Teulé est mort ! Et ça fait mal. A ses amis et à nous, lecteurs, qui attendions chaque année son nouveau roman. Et paf, ces rendez-vous n'auront plus lieu !. Quelle sale blague nous a-t-il fait !

Teulé était en train d'écrire (comme toujours) un roman. Il n'était pas question pour ses proches et ses éditeurs que ce roman, en plus d'être orphelin, reste dans les ténèbres.

Difficile de chroniquer un roman inachevé même si, tout de suite, on reconnaît le Teulé qu'on aime lire, bien que le premier chapitre étonne par son exotisme. Car nous voici sur une plage insulaire de mer très lointaine, au loin, une magnifique nef ventrue... et sur le balcon de la proue, le vicomte de la Falaise en train d'aboyer des ordres aux marins absorbés à remonter d'énormes filets de pêche remplis de tortues... dont le sang est destiné à devenir un remède miraculeux et régénératif au monarque de France. C'est que Louis XI puait la maladie, la mort a venir. "Je pue le vieux" , s'exclame-t-il sous la plume de Teulé.

On le reconnaît là, Teulé qui s'intéressait aux personnages sombres et torturés. Il ne pouvait pas mieux choisir que Louis XI, le surnommé "l'Universelle Araignée ", réputé pour être le contraire d'un fanfaron, pour sa laideur et sa supposée manie d'enfermer ses ennemis dans des cages en fer. du pain béni pour Teulé que ce personnage ! Les historiens rétorqueront que cette vision est simpliste, que Louis XI ne fut pas qu'un homme cruel mais qu'il était aussi et surtout un roi visionnaire et moderniste. Mais, comme l'écrit Philippe Jaenada, Jean n'était pas un historien et que, ce qui l'intéressait dans ce personnage, c'était avant tout sa folie, ses peurs, ses crimes, que ça, c'était plus marrant. "Le reste, je m'en fous ", disait-il.

Page 89, le roman inachevé se ferme. Dommage, j'étais aux anges.

Sur le bureau de Jean Teulé, des notes et des notes en vrac attendent pour l'éternité d'être triées, travaillées. La seconde partie et la dernière ne seront jamais écrites par Teulé et pas question qu'elle le soit par un autre. Alors, ses fidèles amis que sont les dessinateurs, Philippe Druillet, Enki Bilal, Florence Cestac et Dominique Gelli, les écrivains, Philippe Jaenada et Benjamin Planchon, l'artiste plasticien et photographe, François Delebecque, ont décidé d'en écrire l'épilogue à leur façon pour lui rendre hommage.

Et paf ! Exclamation choisie par Jaenada pour intituler son texte à la fois drôle et émouvant, plein de ses disgressions et parenthèses habituelles. Dominique Gelli choisit d'inventer un savoureux face-à-face entre Jean Teulé et son personnage ( "Salut, mon Loulou! La forme ? " "Insolent ! Appelle moi Majesté, comme tout le monde "). Florence Cestac, son amie de toujours, dessine sa rencontre avec Jean Teulé devenu son porte-bonheur et le parrain de son fils. Enki Bilal illustre à merveille quelques extraits du roman.

Les textes et photos se succèdent pour accompagner l'Ami Teulé, certainement pas au paradis, lui qui ne croyait à rien d'intagible. " Il n'y a rien avant la naissance, rien après la mort, et pas grand chose entre les deux", a-t-il pu dire.

Commenter  J’apprécie          190



Ont apprécié cette critique (18)voir plus




{* *}