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Critique de Tachan


Il n'est pas très simple pour moi de parler de ce second tome. J'avais déjà eu un peu de mal à la lecture du premier tome, voyant un potentiel gâché. Ce fut à nouveau le cas dans ce second, qui en plus de laisser un sentiment d'inachevé, m'a donné l'impression de bien trop se disperser. Ainsi malgré les explications éclairantes d'un spécialiste de l'auteur à la toute fin, je ne parviens pas à aimer cette lecture, qui est peut-être le Tezuka que j'ai le moins aimé jusqu'à présent.

Je suis d'accord avec Xavier Hébert pour saluer la transition entre deux style qu'offre l'oeuvre et en particulier ce tome où le grotesque, le comique et la légèreté des premières oeuvres de l'auteur se marient de plus en plus avec un sérieux et une noirceur presque dérangeants auxquels on n'était pas habitué auparavant chez lui. Cela s'en ressent jusque dans son style graphique de moins moins "comic book" mais toujours aussi expérimental dans son envie de casser les codes et d'imposer les siens. C'est bien l'un des rares points que j'ai apprécié dans cette lecture, cette virtuosité de mettre le dessin au service de la narration. Ainsi quand les héros gravissent une montagne, le découpage devient-il vertical, ainsi quand les héros se battent contre des créatures fantastiques, les ombres prennent-elles le relais pour en montrer la noirceur, ainsi quand un personnage tombe, il défonce la limite des cases pour en montrer l'impact. C'est génial.

L'histoire, elle, l'est moins. Après avoir quasiment ignoré Dororo dans toute la première partie, il devient presque central ici tout à coup, un revirement qui surprend et est assez maladroit. L'auteur oublie de trouver un équilibre et passe d'un extrême à l'autre. La quête de Dororo prend un temps le pas sur celle du héros Hyakku, puis quand celle-ci revient elle est part trop expédiée pour être crédible et marquante. le héros retrouve des parties de son corps on ne sait comment et quand le titre se termine, sa quête ne l'est pas, pas plus que celle du héros voleur qu'est Dororo, malgré la révélation de plusieurs de ses secrets. Une grosse faute pour moi, car si je peux accepter une fin ouverte quand elle est justifiée et bien amenée, ici ce n'est pas le cas, du moins, ne l'ai-je pas ressenti ainsi. Et les explications de Xavier Hébert sur les aventures de la publication de l'oeuvre semblent aller dans ce sens.

Ce qui sauvent un peu l'oeuvre au-delà de son expérience graphique indéniable à mes yeux, c'est la critique d'une société féodale, une société de classes injustes que l'auteur a voulu faire en se plaçant dans cette époque médiévale. Son discours est tranchant, son ambiance est sombre, et ça me plaît. de la même façon, je trouve que l'inclusion d'une ambiance fantastique pour surfer sur la mode des titres de yokai de l'époque est bienvenue. On a ainsi un mélange de pure histoire japonaise avec des pans de son folklore pas toujours le plus connu par les européens avec des créatures étranges et dérangeantes qui peinent autant qu'elles mettent mal à l'aise. Un mélange que j'ai su apprécier.

Cependant, je n'ai pas bien vu le liant dans cette partie, malgré le souci de l'auteur de mieux faire le lien entre les chapitres ici présent, mais dans l'ensemble l'oeuvre, elle, est très décousue, passant d'un angle narratif à un autre sans explication ni justification, oubliant sa promesse première... Pourquoi ? Pour un divertissement qui se tient mal et une noirceur pas totalement crédible au final et surtout deux quêtes qui en reviennent à être frustrantes des deux côtés au lieu d'en voir au moins une se conclure. Dororo est donc pour moi l'exemple d'une série à potentiel totalement gâchée par un auteur qui s'est lassée de celle-ci, l'a délaissée et n'a pas su la mener à terme. Se pose alors la question de la volonté des éditeurs de la publier en tant que telle en ne précisant ces défaillances que dans les ultimes pages. Est-ce bien honnête pour les lecteurs ? N'aurait-il pas été préférable de prévenir tout le monde dès le début ? Certes, leur travail est avant tout de vendre des livres mais ça me fait m'interroger sur mes achats aveugles des titres de cette collection. Peut-être serai-je plus prudente à l'avenir.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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