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Citations sur L'Isaac Circus (17)

Il savait que toucher un rêve, même seulement du bout des doigts, faisait oublier mille blessures ou misères.
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Ce petit bout de terre donnait, au derrière de l’église, une culotte colorée de mille et une fleurs, un air champêtre, et faisait oublier à notre curé qu’il était citadin.
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Même qu’un jour, je volerai très haut dans le ciel.
Mais moi, je ne volerai pas comme les avions, qui vont toujours tout droit.
Je volerai comme les oiseaux, dans tous les sens.
Je volerai au-dessus de maman, pour la protéger.
Je volerai tellement haut qu’elle ne pourra même pas me voir, et je la suivrai, juste pour la regarder marcher jusqu’à son travail.
Des fois, les oiseaux, eh bien, ils font caca sur les gens, et ça me fait bien rigoler. Quand je volerai, je ferai caca sur les gens qui sont méchants avec maman.
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Achille leva les yeux pour plonger son regard dans les yeux du vieux monsieur, alors inondés de tout l’amour qui les rendait si proches. Ils se serrèrent un long moment dans leurs bras, avant de rejoindre la bibliothèque où Achille se retrouva planté devant des milliers de livres. Il n’en cru tout simplement pas ses yeux. Du sol au plafond, de toutes tailles et aux couvertures de multiples couleurs, les livres tapissaient les quatre murs de l’immense pièce. La hauteur sous plafond était telle qu’une échelle à roulettes y avait été installée. Sans elle, il eût été impossible d’accéder aux dernières étagères. Il n’avait jamais rien vu de semblable. Bien sûr, la Bibliothèque Municipale lui offrait, elle aussi, une quantité impressionnante de livres. Mais la salle n’avait rien de comparable avec la beauté et l’ambiance de celle-ci. C’était tout simplement magique. Il y régnait une atmosphère indicible, qui forçait le respect. Même au risque de passer pour un crétin, il se décida à interroger le vieil homme sur cette sensation :
- Puis-je vous demander quelque chose, s’il vous plaît ?
- Oui, bien sûr !
Achille cherchait ses mots, et tardait à poser sa question quand le vieil homme le relança :
- Allez-y ! N’ayez pas peur d’être ridicule. Si, de façon indéniable, les livres que nous ouvrons nous parlent à tous, sachez que, fermés, ils ne peuvent qu’entendre ce que nous disons mais sans pouvoir le répéter. Personne d’autre que moi ne peut se moquer de vous, et je ne crois pas en avoir envie.
- Et bien, je voulais savoir si, comme moi, vous avez le sentiment étrange que tous ces livres nous surveillent. Ma question est idiote, non ?
- Non Achille ! Moi aussi, je ressens toujours une sensation quand je m’installe ici pour lire. Je dirais que ce qui m’imprègne ressemble, non pas à une surveillance, mais à une attente. Peut-être est-ce leur désir commun de ne pas être oubliés, d’être à nouveau ouverts. En ce qui me concerne, je crois que toutes les pages que j’ai pu lire et tourner dans cette pièce ont libéré leurs âmes ou celles de leurs auteurs. En tout cas, il me plaît de le penser.
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Achille chercha ses mots et son nez se chargea d’eau, tout comme ses yeux. Il renifla un bon coup, comme pour s’empêcher de pleurer, et reprit le cours de sa révélation : .... Avant, ...avant notre arrivée dans le quartier, maman et mes frères se mettaient tous derrière la porte. Maman ne cessait de répéter que, si par malheur mon père réussissait à entrer, il pourrait bien tous nous tuer. Tu sais, j’étais tout petit. Je devais avoir cinq ou six ans. La plupart du temps, je dormais, et c’est le bruit des coups dans la porte et les cris qui me réveillaient. Je ne comprenais rien à la situation et je ne pouvais rien faire. Mes yeux étaient fixés sur les vis de la serrure et du verrou de la porte d’entrée de notre appartement. Je claquais des dents. Mes jambes tremblaient. A chaque coup de pied ou coup de poing, je voyais les vis du verrou bouger, c’était terrible ! Je regardais ma mère et je pleurais. J’avais peur pour elle. J’avais peur de tous ces cris, de tout ce bruit, sans trop savoir ce que cela voulait dire. Ma mère ne cessait de crier à mon père : « Va-t’en ! Laisse-nous tranquilles ! ». Le seul écho à ses demandes, la seule réponse à ses cris et aux pleurs de mes frères, c’était ces coups dans la porte. Chacune de ces nuits, cela pouvait durer quinze à vingt minutes.... C’était à peu près le temps qu’il fallait compter entre le moment où un voisin téléphonait à la police, et le temps nécessaire à l’arrivée de leur voiture. Il n’y avait que leur sirène pour arrêter ce cauchemar. Jusqu’à leur arrivée, et dès que je le pouvais, je fermais les yeux et je serrais la main de ma maman. Je la serrais très fort. Je concentrais toutes mes pensées sur sa main pour oublier le reste, pour oublier ce que mon père tentait de faire. Je serrais sa main pour ne pas penser au mal qu’il aurait pu nous faire. Je ne sais pas si tu l’as remarqué quand tu viens chez moi, mais je ferme la porte à clé et le verrou à chacune de mes entrées et sorties de la maison, même en pleine journée ! Je regarde toujours dans le judas avant d’ouvrir la porte ! Il m’a fallu des années pour être juste capable de regarder dans le judas de la porte...
La voix d’Achille devint tremblotante et il sembla comme transporté dans le temps par son récit. Mébarek se tut pour laisser cours au récit de son ami.
...Méb...une nuit, une de ces putains de nuit, les flics ont tardé à venir. Cette nuit-là, Charles était en Angleterre avec sa classe. Le verrou a sauté, Méb ! Le verrou a lâché et mon père a réussi à entrer.... Il s’est jeté sur ma mère et l’a rouée de coups. Il était complètement ivre. Mon père est ensuite allé dans la cuisine pour, certainement, s’emparer d’un couteau. Sur le sol du salon traînait l’épée avec laquelle j’avais joué un peu plus tôt dans la soirée... Alors, Méb, j’ai ramassé mon épée, la même épée que celle de Du Guesclin, une épée de chevalier. Je n’avais aucune idée de ce que j’allais faire. J’avais ramassé l’épée par instinct. Les sirènes de la police ont commencé à se faire entendre. Mon père est sorti de la cuisine. Il s’est approché de moi et m’a arraché l’épée des mains. Elle était en mousse, Méb, l’épée était en mousse. J’étais tétanisé ! Je n’arrivais plus à bouger ! Je ne sentais plus mon corps. Mon père a tordu l’épée en deux et a éclaté de rire. Il m’a ensuite soulevé, a collé son visage sur le mien et m’a dit : « T’es qui toi ? ...Et puis merde, qu’est-ce que ça peut foutre qui tu es !... » Et il m’a laissé tomber par terre.... J’ai senti une source de chaleur humide envahir mes jambes et j’ai fermé les yeux pour ne plus rien voir. Je n’ai rien fait, Méb, rien fait ! J’avais trop peur ! C’est un voisin qui a saisi mon père et l’a neutralisé jusqu’à ce que la police arrive. Je croyais que ma mère était morte. Elle ne bougeait plus. Et moi, je n’ai rien fait ! Rien ! Je n’ai rien pu faire, Méb ! J’avais trop peur !
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Une fois sa révélation terminée, Achille s’essuya les yeux. Mébarek resta un long moment muet. En fait, il ne trouvait pas ses mots. Il n’y en avait, de toute façon, pas, ou alors de trop faibles, pour dépeindre l’indicible horreur de ce sentiment devant lequel aucun être humain, et surtout aucun enfant, ne devrait se retrouver. Après un long silence, il se décida quand-même à se lâcher :
- Achille, je suis de tout cœur avec toi. Pour tout. Dis-moi ce que tu veux que je fasse et je le ferais. De toute façon, je t’ai toujours suivi !
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Depuis l’arrivée de ces fourmis de la télévision, sa tension artérielle n’avait cessé de grimper. Hors norme depuis déjà quelques heures, son pouls trahissait, en effet, des pulsions de plus en plus fortes. Son cœur bousculait ses vieilles artères de flux sanguins tout aussi irréguliers qu’incontrôlables. Le sang de notre curé faisait mille tours, et la rougeur de ses joues en était le témoin lumineux.
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Juste un dernier mot Achille. Ce qui rend votre cité vivante ou morte ne se trouve ni dans ses murs, ni dans le hall de ses immeubles, ni encore sur les bancs, mais dans le cœur de chacun.
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Le gamin était perdu. La finesse qu’il prêtait aux propos d’Isabelle le conduisit à s’interroger sur ce qui était, peut-être, une déclaration d’amour et sur ce qu’elle pouvait être réellement à ses yeux. Il ne put s’empêcher de penser que, dans l’éventualité où elle l’aimerait, il avait été, dès leur première rencontre, assez bête pour ne jamais s’apercevoir de rien, jusqu’à cet après-midi-là et jusqu’à cette phrase empreinte, selon lui, d’un léger voile de pudeur mêlé à une habile moquerie. La gamine le sortit une nouvelle fois de ses réflexions intimes.
- …et parce que tu n’es pas comme les autres.
- C’est gentil de dire ça.
- Non, ce n’est pas gentil, c’est vrai !
Achille et sa fausse modestie ne dupèrent en rien Isabelle. Elle avait, depuis longtemps, pris la mesure de l’individu. Son attitude donnait l’impression qu’elle guettait une faille dans leur conversation, pour y glisser le reste du message qu’elle avait commencé à lui faire passer.
- Bon, dès que j’ai tout lu, je te le dis et on en discute ensemble.
- Non !
- Tu ne veux pas savoir ce que j’en pense ?
- Non !
- Mais alors, pourquoi veux-tu que je les lise ?
- Quand tu les auras tous lus, et plusieurs fois, tu comprendras.
- Pourquoi plusieurs fois ?
- Je te l’ai dit, Achille. Tu es une tête de lard ! Tu n’écoutes pas et tu es borné ! C’est comme l’anglais et Baudelaire. Chiant ou pas, il faudra bien, un jour ou l’autre, que tu acceptes de discuter avec les gens plutôt que de te confronter à eux. Mais, tu ne le feras peut-être pas pour ce que tu penses. Enfin, je ne suis pas ton prof. J’attends autre chose de toi !
Achille était un peu perdu. Il ne savait plus quoi penser, dire ou faire ! Qu’est-ce qu’Isabelle voulait dire ou promettre ? Sa répartie n’égalait en rien ni la finesse d’esprit, ni la justesse avec laquelle Isabelle l’adressait. Cent mille rêves passèrent à la vitesse de la lumière dans la tête d’Achille. Il n’avait qu’une hâte : retrouver Mébarek, récupérer le mot, l’enveloppe et dévorer les textes d’Isabelle. Après, il saurait quoi penser, dire ou faire. Peut-être que l’un d’entre eux parlait de son amour. C’était sans doute pour cela qu’elle le lui donnait ! En plus d’être belle, elle était romantique, poète, et pour lui, décidément, le bout de ce boulevard était le commencement de la vie !
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Achille venait de toute son innocence, de poser le pied, et sans le savoir, sur la route qui le ferait quitter définitivement ses idées noires. Le ciel jetait depuis toujours un oeil sur son chemin et avait, sur la route de sa vie, posé, le jour où il croisa pour la première fois Isabelle, le caillou qui, d'une façon presque insignifiante, allait heurter le pare-brise de son existence.
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