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Critique de oiseaulire


J'ai bien aimé cet essai autobiographique et ses réflexions sur l'art de prendre en charge sa vie et de transformer en or (sagesse et sérénité sans cesse à reconquérir) le malheur inhérent à la condition humaine.

La référence aux "sans roi", ou gnostiques m'a un peu dérangée au début : elle ne m'a pas paru absolument nécessaire pour étayer la philosophie et l'éthique de Pacôme Thiellement, qui sont suffisamment convaincantes sans ce sous-bassement métaphysique.

Depuis qu'il y a des hommes, il y a des religions : les monothéismes, dernières nées, se sont manifestées avec une telle intolérance que je suis dégoûtée des crédos de toute sorte, et des systèmes qu'on échafaude dessus. Pourtant le gnosticisme a sur eux la supériorité de fonder le salut de l'homme sur l'expérience directe de la divinité et sur la connaissance de soi. Cela ouvre, il est vrai, des horizons plus larges que les croyances fanatiques reposant sur la culpabilité et l'exclusion d'autrui.

Et puis peut-être avons-nous besoin de faire reposer notre univers sur de splendides histoires dont l'erreur, de toute façon, ne sera jamais démontrée.

Pascal nous dit que certain pari ne saurait être démenti. Vision pragmatique, cynique, que sa soeur Jacqueline n'aurait pas approuvée.

Mais irréfutable.

Alors pourquoi pas le gnosticisme et les Sans roi ?

L'auteur titille quand même la curiosité, il s'y prend fichtrement bien et ce qu'il expose semble moins "hors sol" que le récit habituel : celui d'un Dieu qui crée un mâle, Adam, sans la femelle, et se rend compte soudain qu'il manque quelque chose (son plan avait dû prendre l'eau ou alors il s'était endormi dessus ) ; qui tire à la va-vite la partie manquante d'une des côtes de la créature ( ! ), puis abandonne les deux tourtereaux dans un soit-disant paradis, car les lieux ne sont pas sûrs, la preuve, il y a un serpent ! ; d'ailleurs puisqu'on aborde le sujet, il y avait bien déjà un bisbille entre le Tout-Puissant, infiniment bon, infiniment parfait, et l'un de ses anges, le pauvre Lucifer, ou je rêve ? ... C'est donc que le Mal existait déjà ? Pour finir, Dieu, loin de féliciter l'homme et la femme pour leur soif de connaissances, les aurait punis ?

Comment avoir confiance en un Dieu pareil ?

Une tel récit pèche en escamotant l'origine du mal et ni vu ni connu se rétablit péniblement (et malhonnêtement ) en introduisant en l'homme le péché originel (or nous avons vu que le mal préexistait à l'homme). Pourquoi alors ne pas aller chercher du côté des Sans roi ce qu'ils ont à dire sur l'origine du mal ?

Mais je persiste à penser que le livre aurait tenu la route sans tout ça : il est brillant, intelligent, étonnamment honnête : ça fait du bien qu'un homme livre ses tâtonnements et ses difficultés pour illustrer sa progression vers le bonheur. Il n'a pas la bien-pensance à la mode, appelle un chat un chat, n'accuse pas les vilaines femmes de castrer les hommes car, trompés par le mauvais "démiurge" (voir ce que signifie ce mot dans l'essai), ils se castrent eux-mêmes ; il lui arrive de dérailler carrément, mais c'est pour tirer des leçons de son hors route et se remettre sur la voie ( la folie n'est jamais souhaitable) ; mais la voie qui lui convient, pas celle qui lui est soufflée par le prêt-à-penser.

Aime ce que tu aimes, veux ce que tu veux, connais ce que tu sais, sois celui que tu es.

Pour vivre le plus possible en harmonie.

C'est le travail d'une vie.
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