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Critique de thedoc


"Les Adieux à la reine" nous présente le récit d’Agathe-Sidonie Laborde, qui fut seconde-lectrice à la Cour de Marie-Antoinette. L’histoire débute en 1810, à Vienne, là où Sidonie a émigré en compagnie de nombreux autres nobles français après avoir fui les événements de la Révolution. Alors que ces nobles sont rattrapés par l'Histoire de France sous les traits des armées napoléoniennes, l’ancienne lectrice de la reine se souvient... Par flash-back, elle se remémore trois journées, les 14, 15 et 16 juillet 1789, qui ont vu s'effondrer la monarchie française. Tout est perçu à travers ce qu’elle a vécu, vu et entendu. De sa chambre insalubre sous les combles jusqu’aux couloirs sombres d’un château labyrinthique, nous découvrons avec Sidonie la vie à Versailles. Entre ses rencontres avec les membres de l’aristocratie, ses discussions avec les personnes subalternes comme elle, ses moments de lecture – et de complicité – avec la reine qu’elle admire, les heures s’échelonnent lentement et la tension monte inexorablement. Car Paris s’enflamme d’un feu révolutionnaire qui va bientôt gagner Versailles…

Si ce livre nous relate en partie les états d'âme et les difficultés de la vie des nobles français exilés à Vienne, ce sont bien les trois journées de juillet 1789 qui sont pour ma part les plus passionnantes à suivre. A travers le ressenti de Sidonie, le lecteur suit les événements qui inexorablement vont mener à la chute du royaume capétien. Mais Sidonie ne le sait pas, de même que les jeunes ambitieux et vieux aristocrates qui croisent sa route. Bien loin du Versailles qui est donné à voir aux touristes, nous découvrons un palais sombre et inquiétant, trop froid ou trop chaud, trop marécageux, trop grand ou trop étroit. Toute une population bigarrée et de rangs divers s’y côtoie. La nuit du 16 juillet, alors qu’on apprend que le roi a été réveillé en pleine nuit, que la Bastille est prise et que le peuple veut le pouvoir, des scènes presque irréalistes ont lieu. Courtisans, domestiques, chacun est en proie à l’angoisse et à la panique sous l’influence des rumeurs qui courent. Ce sont les yeux de Sidonie qui nous permettent d’assister à cette nuit sans fin et ce sont également eux qui nous présentent une Marie-Antoinette à la fois décidée et légère, mais surtout follement éprise de son amie Gabrielle de Polignac, duchesse flamboyante mais bientôt déchue.

« Les Adieux à la reine » n’appartient pas à ces récits historiques classiques se déroulant sur un période assez longue. Ici, trois jours – mais trois jours essentiels - suffisent à rendre l’ambiance d’une époque, ou plutôt de la fin d’une époque. De plus, le personnage de Sidonie nous permet d’appréhender l’intime et le privé dans l’Histoire, que ce soit dans les couloirs de Versailles ou dans les salons de la reine. Ce sont ici les gens et leur ressenti qui sont mis en valeur et non les événements eux-mêmes. La lenteur du récit nous permet enfin de nous imprégner totalement de l’atmosphère si particulière de la nuit du 16 juillet.

Voici donc un roman historique avant tout porté par ses personnages. Le résultat en est que, avec une écriture très sobre, Chantal Thomas ne relate pas simplement un moment de l’Histoire, elle nous le fait vivre.

J’ai trouvé par ailleurs que l’adaptation cinématographique du livre rendait très bien compte de cette ambiance.

A lire, même pour ceux qui ne sont pas férus d’Histoire !
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