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Critique de gabb


2 ans, 2 mois et 2 jours, seul dans les bois. Voilà l'audacieuse expérience vécue au milieu du XIXème siècle par Henry David Thoreau, le premier des "nature writters", qui nous livre ici un témoignage d'une profondeur exceptionnelle !

Certes, ces 400 pages touffues ne sont pas toujours facile d'accès, et il faut un peu de patience et de persévérance pour se frayer un chemin dans cette prose dense (et sa traduction originale de 1922), mais l'effort sera largement récompensé. Une telle pépite se mérite !
Le texte est magnifique, et les descriptions des forêts du Massachusetts ou des rives paisibles de l'étang de Walden ("le plus beau et le plus expressif des paysages, l'oeil de la terre où le spectateur, en y plongeant le sien, sonde la profondeur de sa propre nature") ont quelque chose d'envoûtant.

Mais bien sûr ce qui marque par dessus tout - durablement ! - ce sont les valeurs éthiques véhiculées par le narrateur, son ode à la nature, à la simplicité et au dépouillement, son approche aussi radicale que novatrice de l'écologie.
Thoreau abhorre la notion même de confort ("le luxe, en général, et beaucoup du soi-disant bien-être, non seulement ne sont pas indispensables, mais sont un obstacle positif à l'ascension de l'espèce humaine"), et cherche le bonheur dans la vérité la plus nue, la plus proche de la terre nourricière.
Sa condition de naufragé volontaire est propice à la méditation, mais aussi à une critique virulente de la société, de la consommation des masses, du travail rémunéré, des excès ou futilités en tous genres, de l'argent qui altére le monde, des effets de mode, et même de la machine à vapeur...
Il entend démontrer, chiffres à l'appui, qu'un quotidien spartiate est tout à fait viable, et qu'il permet en outre de "vivre abondamment", de "sucer toute la moelle de la vie", et en se tenant toujours plus éveillé, de revenir sans cesse à l'essentiel.
L'austérité apparente de ses raisonnements cache message résolument positif "pusiqu'il ne peut être de mélancolie tout à fait noire pour qui vit au milieu de la Nature et possède encore ses sens". Leçon de zen et de contemplation.
En véritable "scribe de la nature", Thoreau se montre capable d'écrire 30 pages sur le combat épique entre une fourmi noire et deux fourmis rouges, et d'en remplir le double sur les enseignements que l'on peut tirer de la culture des haricots...
Contre toute attente cette lecture m'a fait le plus grand bien !

Walden ou la vie dans les bois est donc un récit philosophique hors du commun, qui se lit au calme avec application et invite, peut-être, à "chercher au fond de soi l'instinct d'une vie plus élevée".
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