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Critique de mumuboc


Il y a très longtemps que j'avais Walden dans mon programme de lecture. Nature, Environnement, Solitude tout cela me parle. Souvent cité comme une référence de la nature writing, initiateur de ce type de littérature paraît-il, H.D. Thoreau part au printemps 1845 pour deux ans deux mois et deux jours au bord du Lac Walden pour vivre une expérience d'isolement, d'observations et d'expériences personnelles.

L'auteur relate dans le détail la préparation de son habitat, de ses cultures, de l'organisation pour être au maximum auto-suffisant, la comptabilité qu'il tient de chaque dépense s'y rapportant, réduisant ses besoins au strict minimum, puis il observe, il écoute, il pense et nous livre ses réflexions : sur la différence entre acheter, posséder et faire de ses mains, sur l'importance de vivre l'instant, de profiter de chaque moment, de se lever tôt et d'observer ce qui nous entoure, du plaisir qu'on en retire, de vivre simplement….. Cela ne fait-il pas écho en vous : la décroissance dont on parle tant de nos jours, lui l'évoque déjà. Il explique également où va le monde, la vitesse à laquelle il accélère et les répercussions de cette course effrénée.

Il aborde également l'importance de la lecture dans sa vie et en particulier celle des classiques, privilégier les lectures qui importent, qui éduquent plutôt que les lectures faciles , rendre la culture accessible à tous voire à la privilégier par rapport à d'autres dépenses…..

"Un mot écrit est la plus choisie des reliques. C'est quelque chose de tout de suite plus intime avec nous et plus universel que toute autre oeuvre d'art. (p142)"

Bien sûr la nature et ses occupants, le rythme des saisons, son quotidien tiennent une grande place mais il y est également question de ses voisins, des gens de passage et ce fut pour moi une surprise de constater qu'il était loin d'être totalement seul sur les bords du lac. En effet, il se rendait régulièrement au village voisin, appréciait de croiser chasseurs, pêcheurs et autres promeneurs mais utilisait également des techniques pour éloigner les importuns.

Je l'ai lu par petites touches car l'écriture est exigeante, un peu déroutante au début dans son style assez ampoulé et les sujets abordés sont à la fois philosophiques et descriptifs. Il se fait d'ailleurs assez professoral dans le ton, un peu trop parfois même s'il ne s'empêche pas quelques traits d'humour :

"Pour les Pyramides, ce quelles offrent surtout d'étonnant, c'est qu'on ait pu trouver tant d'hommes assez avilis pour passer leur vie à la construction d'une tombe destinée à quelque imbécile ambitieux, qu'il eût été plus sage et plus mâle de noyer dans le Nil pour ensuite livrer son corps aux chiens. (..) Quand à la religion et l'amour de l'art des bâtisseurs, ce sont à peu près les mêmes par tout l'univers, que l'édifice soit un temple égyptien ou la Banque des Etats-Unis. Cela coût plus que cela ne vaut. (p88)"

Il m'a fallu un petit temps d'adaptation et prendre le temps de « digérer » ce qu'il écrit, d'y penser et le transposer dans la vie actuelle. Pour moi qui suis depuis longtemps convaincue des bienfaits de l'isolement, de l'écoute de la nature, du non gaspillage, du fait maison, de la non-consommation à outrance, je savais qu'il allait confirmer mon propre ressenti, donc pas de réelle découverte sur le fond. La réelle surprise vient du fait que cet ouvrage a été publié au milieu du 19ème siècle…. Il avait déjà pressenti vers quel monde nous allions et ses dangers à long terme sur les hommes, la nature et les animaux.

Je dois avouer que, même si je suis contente de l'avoir lu et comprends la référence qu'il représente pour tous les amoureux de la nature et des immersions solitaires, j'ai été un peu déçue, peut-être, parce que j'en attendais encore plus, parce que le style m'a parfois gênée, peu habituée que je suis à lire une telle écriture, que j'ai trouvé certains passages un peu longs et tournant parfois un peu en rond.

Découpé en 17 chapitres comme Visiteurs, le champ de haricots, bruits, lecture, économie, voisins inférieurs, pendaison de crémaillères (la construction d'une cheminée par ses soins est savoureuse par le plaisir qu'il en tire), l'étang l'hiver etc….. + la conclusion, on peut aisément revenir s'y plonger à l'occasion d'un questionnement sur un domaine particulier.

On comprend qu'il s'agit là de l'oeuvre d'une vie, tellement elle est précise, faisant appel à de nombreuses références littéraires, poétiques, qu'il a peaufiné pour trouver le mot juste (on retrouve là votre sens de la précision), retrouver tous ses souvenirs et sensations afin de nous faire partager son expérience. Il ne s'est pas contenté, comme beaucoup, de donner des préceptes, il les a appliqués. Il m'a conforté dans mes orientations, même si je n'ai pas eu de réelle révélation.

Dans notre société hyper connectée, d'hyper consommation et de rapidité, un tel ouvrage porte à réfléchir sur le sens que l'on veut donner à son existence. le lire peut permettre à certains de se poser les bonnes questions, à d'autres de les conforter dans leur choix.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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