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Critique de Laureneb


J'ai choisi cette oeuvre car c'est un des livres de chevet du Narrateur du Garçon sauvage de Paulo Cognetti, qui vit lui-même dans une cabane en pleine montagne, occupé à nourrir son corps par des travaux agricoles et son esprit par des lectures de poètes et des tentatives d'écriture.
Si cette oeuvre est une belle ode à la Nature, avec des idées qui semblent très modernes aujourd'hui - moins manger de viande, consommer de façon raisonnable sans superflu, réutiliser et recycler, accueillir les autres et s'enrichir d'un échange avec eux, l'idée que toute vie se vaut, qu'elle soit humaine, animale, ou végétale..., j'ai néanmoins trouvé de nombreuses longueurs dans ce texte dense, et je me me suis ennuyée par moments. Car j'ai trouvé beaucoup d'accumulations, des chapitres qui sont des sortes de listes : Thoreau décrit ainsi chaque poisson, le chant de chaque oiseau, les senteurs de chaque arbre, les couleurs de chaque étang...
En réalité, je n'ai pas été aussi émue que je pensais l'être d'après la réputation de ce livre, alors que celui de P. Cognetti m'a beaucoup touchée - peut-être parce que je suis bien plus familière des paysages alpins que des forêts du Nord-Est des États-Unis et que je pouvais me projeter dans le paysage décrit, en mêlant mes souvenirs et mes rêves à ceux du Narrateur ?
Là où j'ai été émue, c'est dans la description mélancolique d'un monde qui est déjà en train de disparaître, car il n'existe plus au moment de l'écriture. Les paysages n'étaient déjà pas totalement sauvages quand Thoreau y habitait - si le premier village est loin, il existe néanmoins. Même les bruits ne sont pas totalement dus aux animaux ou au vent, puisque le sifflement d'un train vient régulièrement troubler le silence du bois. La civilisation et le progrès, symbolisés justement par ces voies de chemin, grignotent petit à petit les arbres et l'étang, les renards sont de plus en plus chassés, les canneberges cueillies de façon plus mécanique, la glace même de l'étang est récoltée de façon industrialisée pour produire, et donc rapporter dans un but capitaliste... L'avancée humaine fait donc reculer la wilderness pour reprendre l'expression même de Thoreau.
Enfin, j'ai été assez sensible à la culture d'étudiant en lettres classiques de Thoreau qui transparaît dans les vers qui parsèment le récit et dans toutes les descriptions truffées de citations. Il livre ainsi une description violente, épique, d'une guerre entre fourmis comme un passage de l'Iliade.
De très beaux passages, quelques jolies descriptions, mais il manque pour moi de la chair, des sentiments, de la consistance : que cherchait vraiment le Narrateur et qu'a-t-il trouvé ? Il faut attendre la conclusion pour avoir une partie seulement des réponses à ces questions.
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