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Citations sur Albert Camus : Une vie (15)

En 1923, le cours moyen deuxième année est mené par un instituteur réputé, Louis Germain. L’instituteur, personnage important à Belcourt, Carpentras ou Lille, enseigne toutes les matières. M. Goulesque, le directeur, donne, lui, des rudiments d’arabe à ses élèves. Germain appartient à une élite d’instituteurs connus, Nizard, Goran, Ceccaldi, Cazalet, même si tous ne sortent pas de l’école normale de la Bouzaréah. Grand, raide, l’élocution précise, Germain joue de la clarinette et respecte la partition. « Germain ne connaît que le métronome », disent certains. Collectionneur de cartes postales, l’instituteur distribue des calottes et coups sur les fesses avec son « sucre d’orge », grosse règle de bois rouge. Intransigeant sur l’orthographe, la ponctuation, la présentation des devoirs d’arithmétique ou des rédactions, il organise des concours de calcul mental. Avec sa lanterne magique, il offre deux fois par mois à ses gamins ébaubis des projections de géographie ou d’histoire naturelle.
Les instituteurs ont une mission, élever les enfants, ouvrir l’esprit critique et les préparer au certificat d’études primaires, premier grade de l’enseignement français qui permet de postuler dans la fonction publique. Les instits croient au progrès. En Algérie, comme en métropole, beaucoup sont militants, radicaux, socialistes ou communistes. Louis Germain lit La Libre Pensée. Sans bouffer du curé, il se méfie de l’Église. Pendant ses cours d’instruction civique, lorsqu’il est « question de Dieu [dans le programme] », il explique que « certains y croient, d’autres non ». Et que dans la plénitude de ses droits, « chacun fait ce qu’il veut ». Pour les religions, il se borne à indiquer celles qui existent. Il ajoute qu’il y a « des personnes ne pratiquant aucune religion ».
Les instituteurs imprègnent les enfants d’un ordre social républicain. Ils ont en tête la « lettre aux instituteurs » de Jules Ferry : « En matière d’éducation morale, vous n’avez à enseigner […] rien qui ne soit familier à tous les honnêtes gens […] Vous êtes l’auxiliaire et, à certains égards, le suppléant du père de famille. » Germain est un second père pour Albert ― ou le premier. Après quatre ans de guerre, il se sent des devoirs envers les pupilles de la nation : « Ton pauvre papa, que j’ai toujours considéré comme mon camarade. » À la fin du trimestre, l’émotion en sourdine, Germain lit à voix haute le roman de Roland Dorgelès, Les Croix de bois, qui décrit la vie des tranchées, les assauts à la baïonnette, les blessés, l’horreur de la guerre, beaux sujets de dictée : « …Une rumeur monta vers la droite, des cris ou une chanson : ‘’Les zouaves sont sortis !‘’ Une rafale de 105 éclata, cinq coups de cymbale… ‘’En avant la troisième !’’ cria le capitaine. »
Albert sait que son père fut zouave. Dans ses instructions, Ferry poursuivait : « Ce que vous allez communiquer à l’enfant, […] c’est la sagesse du genre humain. » Camus et ses camarades l’apprennent, la France incarne toujours des valeurs universelles, après la Grande Guerre comme avant. (P. 30, 31)
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A ses amis très proches, Camus montre son irritation, sa peine et ses doutes. Revenu rue Madame, à Jeanne Terracini, Camus parle de Sartre, avec exaspération:
- Que veux-tu que je fasse? Que j'aille lui casser la gueule? Il est trop petit!
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Dans sa vie privée et ses engagements publics, un Camus inattendu - souvent inconnu - surgit à travers ses prises de position politiques ou artistiques, ses amitiés, ses amours. Camus reste inclassable, solitaire et solidaire, un frère ennemi de Sartre.. Communiste puis anti-communiste, il connaissait le prix humain des idéologies. Il ne voulait être ni victime, ni bourreau. Pour lui, la souffrance n'avait pas de frontière mais les tyrans avaient toujours la carte d'un parti.
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"Hitler avait des ambitions de peintre, mais il n'avait pas assez d'intelligence pour être autre chose qu'un dictateur"
Camus
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Char devient aussi pour Camus "ce frère de peine et de joie, dont l'affection" l'aide à vivre. Camus lui offre des disques, dont le Don Giovanni de Mozart. Ils bourlinguent, voyagent entre Paris et la Provence dans la chère Citroën de Camus. Au bar d'une auberge de campagne, à Tain-l'Hermitage, le patron les prend pour Pierrot le Fou et Dédé la Mitraille, célèbres truands.
- "Une hostellerie pour patriciens du marché noir nous a vus débarquer [...] forcés par les circonstances et la pompe à essence. Le patron dont j'avais vu des centaines d'exemplaires à Montmartre vivant de la générosité des dames, planté au milieu d'une clientèle raffinée et d'une vingtaine d'abat-jour roses, voit arriver une traction noire d'où descendent deux rouleurs d'épaules, plutôt dégueulasses et dont l'un a un format de porte cochère [Char, bien sûr]. Dialogue (que j'arrange un peu, mais la vérité est intacte):
Char. Salut. On voudrait coucher?
Le patron. Combien de chambres.
C. Deux.
Le p. Je n'en ai qu'une.
C. A deux lits?
Le p. A un seul.
C. Merci. On ne la veut pas.
Moi (toujours pratique). Alors, on voudrait manger.
Le p. Bon.
On s'installe. On cause. Le patron se file plusieurs verres derrière le comptoir et la cravate. Au bout d'une heure, il se ramène.
Le p. Les clients qui devaient me téléphoner pour la chambre l'ont pas fait.
Moi. C'est la souris qui a dû renâcler.
Le p. Comme de juste. Alors, vous voulez coucher.
C. D'accord.
Le patron va se filer un verre. Il revient avec des fiches.
Le p. Vous comprenez, on est surveillé. Mais vous pouvez mettre ce que vous voulez, je ne vous demanderai pas les cartes d'identité.
Char et moi, on se regarde. Nous avons compris. Nous faisons les fiches.
Lui met: "industriel". Moi, "journaliste". Le patron revient.
Moi. Ca vous va comme ça?
Le p. L'essentiel, c'est que vous ne mettiez pas Pierrot le Fou.
Résultat net: le lendemain, une addition ultra-modeste et le patron qui pousse la voiture pour la mettre en marche. On était entre gens du monde."
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Lettre de Francine à son mari, Albert

" Je suis un être tordu. Je ne peux connaître ma capacité d'aimer qu'à ma capacité de souffrance. Avant de souffrir, je ne sais pas."
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Petite parodie:moi je n'étais rien et voilà qu'aujourd'hui je suis la gardienne de ses sublimes récits,je l'aime à mourir,il a dressé des ponts entre moi et son être et je les traverse à chaque fois que je ne peux pas dormir,je l'Aime à mourir!
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Il n'y a pas de honte à préférer le bonheur.
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Carnets II

"Il y a en moi une anarchie, un désordre affreux. Créer me coûte mille morts, car il s'agit d'un ordre et que tout mon être se refuse à l'ordre. Et sans lui je mourrais éparpillé."
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Lettre à Michel Gallimard

"Goethe dit que seul l'être borné est capable d'espérance. En langage simple, cela signifie qu'il suffit d'être con pour s'arranger de tout. "
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