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Critique de CoquelicoteAzimutee


[Pour des citations et les photos de la magnifique édition que j'ai achetée, c'est sur le blog !]

Quand le premier film de Peter Jackson prenant place en Terre du Milieu est sorti, je ne suis pas allée le voir au cinéma. En même temps, j'avais 11 ans, je ne décidais pas du programme des séances de ciné (fort rares au demeurant) et surtout cette année-là il y avait aussi Harry Potter sur les rangs. Mais un peu plus tard, le film est passé sur Canal +, et mon beau-père relativement curieux l'avait enregistré en VHS (vous la sentez la nostalgie là ?). Avec mon frère on a un peu eu les flipettes, on n'a pas particulièrement accrochés, un peu jeunes encore peut-être. Plus tard encore, le deuxième film était sorti au cinéma et on n'y était toujours pas allés, mais mes parents ont acheté la cassette.

Et là, on a commencé à trouver que le Seigneur des Anneaux, c'était un truc cool. J'ai d'ailleurs commencé ma campagne d'usure sur mes parents pour être sûre de pouvoir voir le dernier au ciné. Et j'ai décidé de me lancer dans les bouquins. Sauf que je n'avais jamais lu de fantasy à proprement parler et que j'en étais encore à des lectures « faciles ». Les classiques et moi ne faisions pas bon ménage à l'époque. Je n'avais donc même pas atteint Rivendell/Fondcombe il me semble.

Les années ont passé, je suis devenue de plus en plus fan des films (on a le coffret blu-ray avec les versions longues et plein de bonus qu'on a regardé intégralement), de l'univers, j'ai lu Bilbo le Hobbit quand le film a été annoncé (mais cette lecture n'avait pas été un grand succès), j'ai découvert Tolkien hors Terre du Milieu avec les Lettres du père Noël, et un jour je me suis dit qu'il était temps de me mettre aux romans, aux vrais, le canon quoi. Mon chéri m'a offert un magnifique coffret VO, et me voilà partie dans la découverte du Seigneur des Anneaux, via les deux premiers livres parus, regroupés en un volume intitulé The Fellowship of the Ring (ou La Communauté de l'Anneau, je vais essayer de mettre l'anglais et le français le plus souvent possible).

Je dois vous dire que j'étais un peu morte de trouille de me lancer. Et si j'arrive pas à le lire an anglais, si j'ai présumé de mes capacités dans cette langue ? Et surtout, si comme lors de ma première expérience, j'aime pas ? Vaines craintes ! J'ai adoré. Je ne dis pas qu'il n'y a pas quelques petits défauts, rien n'est parfait. Mais ce livre est génial, cet homme était un pur génie.

Juste pour le plaisir, je fais un synopsis, même si tout le monde connaît l'histoire je pense. Notre aventure commence donc dans the Shire/la Comté, terre des hobbits où la vie est douce mais où il ne se passe pas grand-chose. La disparition lors de sa propre fête d'anniversaire du farfelu Bilbo marque grandement les esprits, en particulier de celui de son neveu et héritier présomptif, Frodo. Gandalf, ami de longue date de Biblo et magicien, convainc le fuyard de s'en tenir à son plan initial et de laisser l'intégralité de ses biens à Frodo, y compris un certain anneau trouvé il y a des décennies lors de la grande aventure de Bilbo. Gandalf soupçonne la véritable nature de cet anneau et met en garde Frodo, qui des années plus tard va devoir à son tour quitter the Shire pour vivre sa propre aventure, autrement plus compliquée que celle vécue par son oncle...

J'ai voulu lire The Lord of the Rings dans une démarche d'en apprendre plus sur cette histoire. Certes, les versions longues sont riches en détails sur l'univers de Tolkien, mais ce n'est rien comparé aux écrits de l'auteur ! le début m'a donc ravie puisqu'on apprend plein de choses sur les Hobbits et sur la famille Baggins/Sacquet. J'ai très vite constaté que les films, bien que très fidèles, n'étaient pas en capacité de rendre la narration de Tolkien, qui est très lente et très riche. Ça ne m'a pas gênée, je ne peux pas dire que je me suis ennuyée – mais je comprends que ça puisse être le cas pour d'autres –, par contre je dois dire que j'attendais avec impatience certains éléments qui semblent arriver vite dans les films mais qui prennent de nombreuses pages dans le roman. Traquer les différences, petites ou grandes, entre l'original et l'adaptation a été source d'un immense plaisir ! Et je dois dire que dans l'ensemble, je comprends parfaitement les choix de Peter Jackson pour son film. S'il avait tenté de coller d'encore plus près le texte original, je ne suis pas convaincue que le rendu aurait été agréable à voir, les films n'auraient pas eu un tel succès et je ne serais pas en train de vous raconter tout ça. Bref, chapeau Mr Jackson.

En apprendre plus sur la Terre du Milieu a également été un délice. Certes, je ne retiens pas le quart de ce que je lis, mais l'immersion (ainsi que l'oubli des parties misérables du quotidien) est totale. Tout est cohérent, admirablement construit et détaillé, et supporté par une plume magnifique. Les descriptions sont d'une beauté à couper le souffle. J'adorais déjà les Elfes, maintenant je me demande si je ne vais pas leur vouer un culte. Mes vacances ? Un aller simple pour la Lorien, s'il vous plaît. Si ce n'est pas possible, je me conterais de Rivendell, merci bien. Ma grande interrogation en revanche porte sur les personnages. En comparaison du reste, ils sont étonnamment peu détaillés, que ce soit au niveau de leur physique ou de leur caractère. S'ils sont attachants et si on a envie de les suivre, c'est grâce à quelques scènes qui nous les rendent sympathiques (la convivialité des Hobbits est contagieuse!) ou qui ont la méga-classe, mais pour ma part, surtout grâce aux films. C'est une grande réussite de P. Jackson d'avoir, à partir des légers éléments de Tolkien (notamment certains dialogues), mis à l'image des personnages inoubliables. Il est tout de même aisé avec le texte de Tolkien de se sentir proche de la Communauté. On les suit de près, on est dans l'expectative avec eux du prochain obstacle ou de la prochaine merveille. le lent démantèlement de la compagnie après [spoiler alert !] la mort de Gandalf [vous le saviez quand même ?] m'a bien fait mal au coeur.

Revenons à l'écriture maintenant. À part une ou deux fois où j'ai trouvé la grandiloquence mal venue (la réplique d'Aragron après la sortie de la Moria m'a paru vraiment ridicule), voire un peu kitsch, toute ma lecture a été magique. Quel talent ! La plume de Tolkien est vraiment extraordinaire. Il a son vocabulaire fétiche, propre à créer une ambiance à lui que j'ai trouvé délicieuse. Dans mon canapé ou dans mon lit, au chaud avec le livre à la couverture de cuir entre les mains, l'odeur du papier, j'étais vraiment ailleurs. Passées les premières pages un peu difficiles parce que j'ai eu besoin de m'adapter au rythme des phrases, au vocabulaire spécifique et à la minutie de l'écriture (et à la toute petite rikiki police aussi), je n'ai plus éprouvé aucune difficulté à lire en anglais. La langue de Tolkien n'est pas plus difficile que celle de Jane Austen par exemple, ou des soeurs Brontë. Elle est assez simple au final, en tout cas pas du tout aussi complexe qu'on peut le croire. Je ne le recommande pas si vous n'avez jamais lu en anglais bien sûr, mais si vous êtes assez à l'aise dans cette langue et/ou que, comme moi, vous connaissez déjà la trame principale par coeur, ce roman n'est pas difficile à lire et surtout c'est un bonheur.

Je me rends compte que je n'ai pas dit grand-chose de l'histoire en elle-même. Eh bien, j'aime la façon dont elle est déroulée calmement, dont chaque chose semble à sa place (c'est un truc de Hobbit ça, non ?) mais sans nous laisser suivre une trace linéaire et ennuyeuse. Au contraire, Tolkien était audacieux, il a écrit des choses comme personne ne l'avait fait avant lui. Sa maîtrise de la narration est époustouflante, par exemple avec l'usage qu'il fait des rêves. Souvent cet artifice me gonfle dans les romans, c'est souvent mal utilisé et ça fait très cliché, mais pas là. C'est subtil, c'est fin, et ça demande au lecteur de réfléchir, de s'investir dans sa lecture. Si Tolkien arrête à un moment ses descriptions, c'est pour mieux nous laisser imaginer le reste. Je ne trouve pas qu'il soit descriptif dans le sens de certains grands romanciers français du XIXème (Balzac, si tu nous regardes). Il met en route notre imagination, à nous de saisir le cadeau qu'il nous fait. Et puis, il a de l'humour, en témoignent surtout les premiers chapitres ! Il navigue très bien entre des passages comiques et des passages plus sombres, où la menace des Neuf se fait sentir par exemple.

Concernant les personnages, j'en ai adoré trois : Gandalf, Elrond et Galadriel. Je les ai trouvés particulièrement intéressants. Dans les films, j'ai tendance à préférer Legolas, Galadriel (elle est tellement cool cette nana !) et Aragorn. Ce premier volume est très centré sur Frodo. Les autres personnages ne sont donc pas encore très creusés, on a rarement accès à leurs pensées. Je ne doute pas que les volumes suivants changeront cet aspect ! J'ai en tout cas beaucoup apprécié de voir de plus près les relations qu'entretiennent les personnages, qui ne sont pas forcément présentées de la même manière dans les films. Par exemple, j'ai été très étonnée de voir que Boromir et Aragorn s'entendent bien ! Dans le film, il m'est vraiment difficile d'aimer Boromir, alors que là il est plutôt sympa, si on met de côté qu'il râle souvent et son petit pétage de câble à la fin.

Oh my, je me suis légèrement laissée emporter, en plus tout est dans le désordre. J'espère tout de même que mon enthousiasme dans cette chronique vous confirmera l'immense coup de coeur que j'ai eu pour cette première partie de The Lord of the Rings ! J'ai affreusement hâte de lire le volume suivant, qui est un peu plus court, mais je vais attendre un peu. J'espère le lire courant 2015, puis terminer l'année avec le dernier volume et profiter de 2016 pour creuser dans les Appendices (oui, je prévois loin). Si comme moi vous ne vous êtes jamais lancé de peur de 1) abandonner au bout de quelques dizaines de pages (et éventuellement de vous sentir ridicule de ne pas y arriver) et 2) ne pas aimer, je vous le dis, ces inquiétudes n'ont pas lieu d'être ! Il faut oser, un voyage pareil ça ne se regrette pas ! (Enfin, pour ma part bien sûr, je sais que des gens n'y arrivent vraiment pas avec Tolkien, mais chacun ses goûts, donc vous pourriez aussi bien en ressortir ravi comme moi !)
Lien : http://sans-grand-interet.co..
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