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Critique de PatriceG


Léon Tolstoï nous écrit ce joyau littéraire après son chef d'oeuvre posthume Hadji Mourat.. Les deux textes restés dans les tiroirs seront d'ailleurs publiés ensemble dans les oeuvres posthumes de 1912. Qu'est-ce qui fait qu'on puisse s'attarder en particulier sur cette nouvelle ?

Pour sa fraîcheur d'écriture, pour sa maîtrise verbale absolue, pour sa puissance évocatrice ; c'est une ode à la pauvreté paysanne dont on n'imagine pas toujours l' intensité de la dureté de la vie quotidienne puisqu'elle nous tourne le dos à nous contemporains, reléguée à un passé lointain , quand tout accable cette condition, quand le destin ne veut jamais sourire .. Qu'on me dise quel autre écrivain russe a écrit avec un tel talent sur la condition paysanne sous l'empire ?

Il est presque paradoxal de voir Léon Tolstoï écrire comme jamais sur un sujet pareil, ainsi que sur le Caucase avec Hadji Mourat que 50 ans séparent des Cosaques. Alors un peu d'histoire .. quelques dates marquantes me paraissent nécessaires pour bien comprendre l'itinéraire qui va le conduire à ces merveilles d'écriture qui sont foncièrement épiques, non dénuées de causticité, et atteignent l'universel, son auteur montrant ainsi que son écriture non seulement n'a pris aucune ride mais transcende tous les pronostics !

L'écrivain russe à la croisée des siècles est alors à l'apogée de sa gloire, célèbre dans le monde entier comme un loup blanc sur l'écorce terrestre, sa silhouette de patriarche dont l'ombre déforme une barbe hirsute coupée en deux, le romancier le plus génial de son vivant. Les chamailleries avec Sonia se sont amenuisées ..

1900 : Elu membre de l'Académie des sciences.
L'écrivain demande au Tsar Nicolas II la grâce des Doukhobors, il lui demande de cesser toutes persécutions religieuses et de libérer ceux qui ont été exilés ou emprisonnés pour leur foi.
Des manifestations monstre en sa faveur ont lieu dans les rues de Moscou et de St-Péterbourg.
1901 : La réponse au Saint-Synode, à propos de son excommunication prononcée en février. Elle sera interdite par la censure.
Malade, il s'en va en cure en Crimée où il répondra à l'invitation de la comtesse Sophie Pavine qui lui prête son palais de Gaspra dont les magnifiques jardins dominent la mer. La beauté du site le "réjouit comme un enfant". Tchékhov séjournant à Yalta lui rend fréquemment visite, on y voit aussi Maxime Gorki qui s'honore de saluer son aîné, un géant.
1902 : il s'attaque à son roman Hadii Mourat qu'il achèvera en 1904
1904 : Il perd sa fille préférée qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau. Elle avait 34 ans, et sa vie à Iasnaïa Poliana était en fin de compte son amour pour son père. La fuite de son père en 1910 fût probablement différente si elle l'avait accompagné. Et comme il lui ressemble aussi, il prendra sur lui pour ne pas montrer son chagrin immense. Il renvoie tout geste de compassion au destin divin.
1905, il écrit le présent récit : Aliocha Gorchok.
La révolution a lieu. le 18 octobre, il écrit à son ami le critique Stassov : ".. Dans cette révolution, je remplis, de mon plein gré, les fonctions d'avocat d'un peuple de cent millions de paysans. Je me réjouis de tout ce qui peut contribuer à son bonheur... Mais je regarde avec horreur les violences et les assassinats, de quel côté qu'ils viennent. Jusqu'à présent, nous avons eu plus de raisons de nous affliger que de nous réjouir.."

" - Je pensais que tu allais m'amener un homme, dit-il au paysan, et tu m'as amené une nouille ! A quoi peut-il être bon ?
- Il peut tout faire. Il sait atteler et conduire. Il travaille comme quatre. C'est vrai qu'à le voir, on dirait une borne, mais il a du nerf .. . " (Extrait du récit)




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