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Critique de PatriceG


Jeunesse, publié en français en 1857. Traduction ici de Sylvie Luneau

On insiste sur Enfance, peut-être avec raison puisque ce fut sa première fiction comportant d'étranges similitudes avec sa propre vie que je n'ose qualifier d'autobiographie puisque l'auteur lui-même ne revendiquait pas cette qualification et démarquait bien ce qui était son propre songe du reste , plus prosaïque on va dire ; on insiste sur Enfance parce que ce fut aussitôt publié son premier et vif succès qui séduisit même la cour impériale, ; on insiste sur Enfance puisque quand il partit, enrôlé au Caucase, il partit avec ses notes sur Enfance qui devait d'ailleurs être le premier d'un quatre temps, quatre tranches de vie .. et il s'employa sur le front, dans ses plages, à achever son projet d'écriture ; ce qui donne un aspect romanesque aux choses ; on insiste sur Enfance parce que l'auteur savait dans ses vingt-deux, vingt-trois ans qu'il avait quelque chose à dire d'original et qu'il était déjà rompu à l'exercice d'écrire, par la tenue de son journal intime, ses carnets depuis 1847, par sa nombreuse correspondance plus précoce encore, par un essai avorté, servi par une plume en or qui palliait ses velléités de tous ordres et nombreuses, et que cette oeuvre constituait la première preuve tangible de son talent ; on insiste sur Enfance puisqu'il reçut la bénédiction de ses pairs on ne peut plus clairement à travers des phrases fort élogieuses..

Mais personnellement quand j'ai lu Enfance, puis Adolescence et donc Jeunesse dans la foulée, je me régalai autant, je n'y ai point vu de rupture mais au contraire la suite de la connaissance avec un Grand de la littérature qui confirmait totalement tous les beaux espoirs que le jeune écrivain faisait naître..

Assez parlé, voici l'incipit:
"Ce que je considère comme le début de ma jeunesse.
J'ai dit que mon amitié pour Dimitri m'avait révélé une nouvelle manière d'envisager la vie, son but, ses rapports. Cette manière de voir résidait dans la conviction que la mission de l'homme est de tendre son perfectionnement moral et que ce perfectionnement moral est aisé, possible et éternel. Jusqu'à présent, je m'étais contenté de jouir de la découverte des idées nouvelles qui découlaient de cette conviction et de la formation de projets brillants pour un avenir moral et actif, mais ma vie suivait son cours, mesquine, confuse et oisive.

Ces pensées vertueuses que nous ressassions dans nos entretiens, moi et mon ami bien aimé Dimitri, le merveilleux Mitia, comme je le nommais parfois tout bas pour moi-même, ne séduisaient encore que mon esprit , non ma sensibilité. Mais il y eut un moment où ces pensées affluèrent à mon esprit avec la force toute neuve d ela révélation morale je pris peur en songeant à tout le temps que j'avais perdu pour rien et voulus sur-le-champs, à la seconde même, appliquer ces pensées à ma vie avec la ferme intention de ne plus jamais en changer.

C'est ce moment que je considère comme le début de ma Jeunesse.

J'allais alors sur mes seize ans.."


il y a vraiment de quoi s'abreuver l'esprit dans ce regard sur soi-même que portait l'auteur, cette introspection, quand on sait l'homme changeant, complexe qu'était Tolstoï.. Beau programme en perspective !
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