Si l'« honnête homme » représente encore un idéal de culture, on peut affirmer que ce livre de
Guido Tonelli a de plein droit une place d'honneur dans sa bibliothèque. En effet, il réussit à synthétiser de façon élégante tout ce que la physique contemporaine dit aujourd'hui des origines de l'univers, sans infliger à son lecteur la moindre équation, sans presque lui imposer le vocabulaire aride du spécialiste. Ainsi, même si l'on ne comprend pas tout, ou plus exactement si l'on ne parvient pas à tout se représenter clairement, on a le sentiment d'accéder à une vue d'ensemble satisfaisante, de tenir les deux bouts d'une chaîne, en quelque sorte. Il va de soi que la recherche scientifique n'est jamais aboutie, et qu'on pourra, ici ou là, demander d'autres explications, vouloir explorer d'autres hypothèses. (A ce sujet, il faut savoir que
Genèse est le premier volume d'une trilogie : on attend la suite avec impatience!)
Guido Tonelli parvient à nous entraîner à sa suite en déployant autant que possible les ressources d'un récit, et même d'un récit merveilleux (Exemple d'un titre de chapitre : « Le premier jour, un souffle irrépressible produit la première merveille »). Il convoque les dieux antiques, les mythes les plus célèbres, de sorte qu'arrivé au terme de son histoire, il la met à la suite des grands récits mythologiques sur les origines du monde que l'homme se récite depuis qu'il est en âge de discourir. Mais ce qui fait le prix véritable de sa
Genèse, c'est qu'elle n'est pas mythologique, justement, malgré les figures de style utilisées ici et là. Ses héros ne sont pas des dieux, mais des mathématiciens ou des physiciens pas toujours connus du grand public, pas toujours reconnus, notamment des femmes telles que Henrietta Swan Leavitt, Emmy Noether ou Vera Rubin.
La quête scientifique se poursuit. Grâce à des ouvrages de « vulgarisation » (que ce terme est vilain!) comme celui de
Guido Tonelli, nous avons la possibilité de nous y intéresser davantage, de nous y associer : car même si la connaissance n'a pu se développer que grâce à un langage mathématique de plus en plus abstrait, et même si les phénomènes qu'elle décrit sont étranges, voire contraires à nos expériences familières, elle n'en reste pas moins par principe universelle.