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Critique de alouett


Ramon ne pouvait pas imaginer les conséquences de son reclassement professionnel. Jusqu'à présent, sa vie filait comme du papier à musique. Un travail qui ne lui posait pas de soucis, les tâches répétitives s'enchaînaient sans qu'il ait à s'en préoccuper. Un couple qui battait de l'aile mais une routine tellement intégrée que là non plus, nul besoin de chercher la remise en question. Des heurts quotidiens avec ses enfants, des ados comme les autres, dont les habitudes et les intérêts lui échappaient totalement et vis-à-vis desquels il s'était résigné à vivre sans chercher à comprendre.

Puis vint l'annonce d'un changement de poste de travail. Pourquoi ? Quel est le message qu'on cherche à lui faire passer ? Doit-il s'en inquiéter ? Alors ce soir-là, lorsqu'il rentre chez lui, il ne s'aperçoit même pas qu'il marque un temps d'arrêt sur le banc d'un parc qu'il traverse tous les jours. Machinalement, ses pas le mènent à un petit bâtiment qui n'avait jamais attiré son attention. A l'intérieur, il découvre un aquarium remplit de poissons. Il est fasciné. Il se met à penser à voix-haute. C'est alors que la douleur le terrasse, celle d'un lumbago. Incapable de rentrer chez lui, il s'allonge face à l'aquarium. le gardien du parc donne l'alerte, une ambulance vient le chercher. Il est arrêté pour quelques semaines. Durant ce laps de temps, il va revenir chaque jour, fasciné par l'aquarium et subjugué par le voyage intérieur qu'il réalise. L'heure est à la remise en question, il se sent prêt à faire le bilan de sa vie, incapable de percevoir ce qui résultera de tout cela…

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Daniel Torres présente ici un homme en pleine crise de conscience. Un moment de lucidité rare, du genre de ceux que l'on fuit habituellement. A quelles conclusions arriverait-on si on prenait le temps de réfléchir à la question… que restent-ils de nos rêves d'enfant ? Lesquels avons-nous atteints ? Quels sont ceux qui sont restés sur le bas-côté ?

Le sujet est bien amené. En douceur pour être précise car cet homme-là est loin d'imaginer l'importance du changement qui s'opère en lui. Finalement, c'est uniquement par le biais du monologue intérieur qu'il énonce à voix-haute qu'il va cheminer dans sa réflexion et dans ses questionnements. Des doutes et des certitudes dont il ne fera pas part à ses proches (amis, famille). Une introspection fructueuse voire salvatrice.

Le dessin est doux, un peu trop propre, mais il permet finalement au lecteur d'accompagner Ramon dans ses pérégrinations existentielles. L'auteur sait pourtant nous surprendre grâce à quelques apparitions récurrentes de personnages saugrenus qui sont voués à représenter un état d'esprit le personnage principal. Ainsi, il se glisse régulièrement sous les traits d'un âne ou bien encore d'un flic qui ressemble étrangement à Robert Mitchum. Ces alter-ego sont aussi l'occasion de donner le cynisme nécessaire (avec le flic) ou au contraire plus prosaïque (l'âne) au scénario, le temps d'une scène, d'une pensée. Tordre la réflexion, l'amener jusqu'à ses moindres recoins, décaler le regard… Daniel Torres incite le lecteur à suivre cet éveil, une prise de conscience de soi qui – bien que douloureuse – donne au personnage une réelle dynamique et des perspectives inattendues.
Lien : https://chezmo.wordpress.com..
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