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Critique de brigittelascombe


"Oui tu as des droits ce que tu n'as pas c'est le pouvoir" aboie Paps, le chien fou de cette horde de sauvages. Chien, ce Portoricain? Même pas, les chiens sont moins bestiaux que ce dur de dur, né dans "le ghetto", qui casse les dents de "Ma" pour un rien, corrige ses gosses à la ceinture, les met en danger. Les chiens sont moins pervers que cet exhibitionniste qui "baise" sa femme sous l'oeil des gamins rigolards,qui les lave trop longuement, surtout le petit qui a droit à des rituels obscènes à un âge avancé.
Âmes sensibles, s'abstenir!
J'ai failli laisser tomber Vie animale dont le sujet tabou est ignoble, surtout lorsqu'un ado dit le "cinglé" leur montre sur une cassette porno amateur un père sodomisant son fils.
Justin Torres, dont c'est le premier roman, tape fort et jette le lecteur, sans sommation dans une fosse aux lions, celle de miséreux élevés comme des animaux sans amour, ni respect,ni exemple,ni repères sûrs. On en ressort sali par les images que l'auteur grave dans notre inconscient.Et la mère? Ne peut-elle protéger ces "trois petits rois unis", ces métis livrés à eux-mêmes, qui hurlent,cassent,piétinent,saccagent,imbibés de la violence ambiante.La mère "déracinée de Brooklin", souvent ivre ou la gueule en piètre état, se rend complice par son silence qui en dit long sur son irresponsabilité.
Justin Torres, avec des mots durs qui castagnent, sait émouvoir,dire l'indicible,faire réagir le lecteur révolté. Il sait rendre la tension et l'horreur palpable,explique les raisons du pourquoi sans excuser et surtout démontre l'avenir de folie et de corruption réservé à une enfance saccagée, celle des deux ainés (Manny celui qui contourne les lois et Joël celui qui se protège) et surtout celle du narrateur "Mijo" ( trop beau danseur pour "Paps", "brillant" et autodestructeur pour "Ma'" et "le blanc,l'elfe,l'avorton","la tapette" pour ses frères). A moins que l'intelligence ou l'écriture ne laissent une porte de sortie? Boris Cyrulnik parlerait alors de résilience. "Mijo", lui, de son zoo, se promet: "bombe le torse"! Un torse bardé de cicatrices alors!
L'auteur effectue ici une fine analyse psychologique des abus de pouvoir d'un père sur sa famille,des effets nocifs de la perversion et des relations fraternelles (où la jalousie prévaut lorsque l'un est trop différent). On est bien loin ici de le fils de l'homme invisible, le roman autobiographique de François Berléand, pourtant bien choquant.
Vie animale est un livre fort, qui remue car il sonne vrai mais un livre déstabilisant que j'ai fermé avec soulagement!
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