AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Seddouqiya


Avant la fin de la 2nde Guerre Mondiale, les Juifs d'Europe, en particulier les "Juifs non-juifs" (juifs assimilés trouvant le judaïsme "trop archaïque, étroit", pour répondre à leurs aspirations) étaient à l'avant-garde de la pensée critique en Occident. Critique du capitalisme, de la modernité, du nationalisme, leur regard anti-conformiste avait été forgé par leur condition de paria, d'opprimé. de façon significative, les Juifs les plus conformistes étaient les Juifs français parce qu'ils étaient les plus acceptés au sein de la société, n'étant exclus ni socialement ni politiquement. Les Juifs allemands étaient critiques parce qu'ils étaient intégrés socialement mais exclus politiquement. Les Juifs européens orientaux (europe de l'est) étaient critiques parce qu'ils étaient exclus politiquement et socialement.
Avec la création d' israel , les Juifs ont perdu leur condition de paria. C'est alors que s'est opéré un "tournant conservateur" où le Juif n'est plus devenu l'incarnation de la critique de l'Occident, mais de son défenseur, aidé en cela par la culpabilité européenne qui a cherché à se soulager via la religion de l'Holocauste. Cette modernité juive s'est éteinte et a laissé place à à un "tournant conservateur", mouvement que tout observateur aura pu constater, notamment en France et aux USA où bcp d'intellectuels juifs sont devenus bien installés médiatiquement et porteurs d'une parole conformiste et très peu critique à l'égard de l'ordre dominant, appelant au contraire sans vergogne à renforcer celui-ci. de nombreux exemples sont cités dans le livre.
Cet essai est source de réflexion très enrichissantes: le rapport entre la condition de paria et la critique de l'ordre dominant, critique motivée non par un relativisme et un nihilisme mais plutôt par l'attachement à des idéaux d'émancipation de liberté (qui dans le contexte dont parle le livre, étaient liés à la révolution de la modernité) ; l'utilisation de la mémoire, qui devrait être un outil, un rappel pour nourrir sa pensée critique en faisant des parallèles, et non un instrument pour construire un exceptionnalisme et une sacralisation qui empêche toute réflexion et érige une expérience traumatique comme supérieure aux autres (il faut signaler que quand le livre aborde cette question, on soulève aussi dans la foulée le sujet très très intéressant des liens entre le nazisme et le génocide et le reste de l'histoire, de la culture et des idéologies occidentales, notamment l'impérialisme et le colonialisme).
Un excellent essai qui décrit un mouvement de l'histoire très intéressant et suscite des perspectives de réflexion d'une grande importance et qualité.
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}