Les chars, constata-t-elle à mi-voix, c’est comme les robes. On dirait qu’y a quèqu’un de malfaisant qui s’amuse à changer la mode chaque année juste pour nous donner envie de dépenser. Ça devrait être interdit, des affaires de même…
Bernadette poussa un long soupir de contentement. Toute une journée à elle !
Le cœur d’Évangéline cogna un grand coup de contentement et elle se mit à battre la mesure du bout du pied. Dieu qu’elle aimait la musique !
Les arbres étaient fouettés par le vent et la pluie tombait à grosses gouttes, en diagonale, comme des larmes de colère zébrant le paysage…
Elle imaginait déjà Laura avec la grande robe des finissants et le drôle de chapeau carré sur sa tête (…) Oui, elle aimerait bien qu’au moins un de ses petits-enfants fasse de grandes études. Ce serait sa revanche à elle sur l’injustice qui faisait qu’elle ne savait pas mieux lire ou écrire.
--Quand je disais, Bernadette, que ça serait pas une bonne affaire, c’te voyage-là ! Regardes-y l’allure, astheure. Habillée comme une fille de Westmount, a ‘veut manger plein d’affaires qu’on connaît pas, a’ voudrait qu’on lise des livres au lieu de regarder la tivi… Calvaire ! A’ parle même pus comme nous autres !