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Critique de Mimeko


Le jeune Alexis, en dernière année de collège, ne sait plus comment se comporter avec ses parents. Russes blancs, ils ont dû fuir le pays avec l'arrivée des Bolcheviks, abandonnant biens et richesse, mais ne désespérant pas d'y retourner... Et justement en ce mois de janvier 1924, leur rêve de revenir dans leur mère-patrie est ravivé avec la mort de Lénine, qu'ils célèbrent avec joie et espoir. Leur fils, que les parents surnomment affectueusement Aliocha, est déchiré entre l'amour qu'il porte à ses parents et leurs espoirs, et ses propres envies, réussir à l'école, s'acculturer à ce pays dont il connaît le fonctionnement, dont il aime la langue plutôt que la Russie, ce pays dont il n'a connaissances qu'au travers des souvenirs idéalisés de ses parents. Au collège, il déploie tous ses efforts, en vain, pour se faire accepter de ses petits camarades moqueurs qui ne cessent de lui rappeler ses origines d'émigré russe. Tous, sauf le jeune Thierry, brillant, sensible, premier de la classe, issu d'une famille bourgeoise et c'est le fait qu'il soit bossu qui rapproche les deux enfants, chacun portant son content de complexe et de gêne, l'un par rapport à son physique, l'autre par rapport à des parents qui parlent le français avec un accent, à l'exubérance slave, démonstratifs et grégaires. L'influence réciproque des deux adolescents va conduire malgré la différence de statut social, à une amitié sincère et profonde, faisant grandir les deux garçons au point d'en devenir fondatrice, jusqu'à un drame marquant à tout jamais l'un d'entre eux.

Avec Aliocha, Henri Troyat évoque les déchirements des enfants d'émigrés partagés entre l'amour et la tendresse de leurs parents et leur besoin de se faire accepter dans la société dans laquelle ils se construisent. Alors quelque fois c'est la honte que le jeune Aliocha ressent envers ses parents, leur accent, leur façon de se mouvoir ou d'être, dans une société qui n'est pas la leur et dont ils ne possèdent ou ne veulent pas posséder les codes de peur d'oublier leur mère patrie. Le jeune Alexis est toujours ému par l'amour de ses parents mais reste fermé quand ceux-ci ne cessent de se complaire dans leur lustre et leur gloire passés.
Henri Troyat, évoque sa propre expérience de vie de fils d'émigrés russes dans le Paris des années vingt où les Russes blancs étaient stigmatisés car voyants, exubérants, n'ayant pas compris alors que leur destin hors de Russie était définitif. Et c'est grâce au regard de son ami, Thierry que le jeune Aliocha se réconciliera avec sa culture et notamment la littérature russe et ses grands écrivains.
Un récit tendre, émouvant propre à toucher toutes les personne déracinées ou partagées entre plusieurs cultures.
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