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Critique de TheWind


" - Que penses-tu de la révolution, Ostap ?
- Comment répondre ? Je ne l'ai pas vue. Je crois qu'elle doit être belle et laide à la fois, comme tout ce que font les mortels. Belle de la tête et laide des mains. Une figure d'ange, des yeux d'ange, des lèvres d'ange, mais des mains noires d'assassin. La tête ne sait pas ce que font les mains. La tête médite haut et juste, les mains travaillent bas et brutalement. C'est le malheur de l'homme. Mais on ne peut pas se passer des mains, comme on ne peut pas se passer de la tête. "

Voilà une citation qui fait réfléchir sur la portée de toute révolution. C'est également le sens de ce tome 4. Henri Troyat expose les faits sans jamais prendre vraiment partie. Il fait confiance à ses lecteurs et les laisse se forger leurs propres opinions. Chacun des protagonistes de cette saga - décidément sans faille - vit les bouleversements de 1917 à sa façon. Il y a les timorés qui veulent le changement mais qui refusent le bain de sang, les patriotes qui veulent d'abord finir la guerre contre l'Allemagne, les acharnés qui veulent anéantir l'aristocratie à tout prix, les rêveurs qui admettent que le tsar a commis trop d'erreurs et qu'il convient de remplacer en douceur ce régime trop absolu par une monarchie constitutionnelle, les vendus qui retournent leur veste et profitent de la situation, les névrosés qui se foutent de tout et se terrent dans leur coin, les mères qui se lamentent, les égocentriques qui ne pensent qu'à leur nombril, les sages qui pèsent le pour et le contre, et tous ceux qui ont peur...

Aucun des personnages de Troyat ne fait figure de héros. C'est une véritable "Comédie humaine" qui se joue là. Chaque personnage est criant de vérité, comme chez Balzac ou chez Zola. Et peut être plus encore. Emile Zola frisait parfois la caricature. Troyat reste droit dans ses bottes et nous offre un tableau sincère et réaliste d'une société russe en plein bouleversement.

Je ne regrette vraiment pas d'avoir ressorti de sa belle étagère cette saga formidable qui commençait à prendre la poussière...
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