AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Osmanthe


L'homme sans talent est un manga largement autobiographique de Yoshiharu Tsuge. Cet auteur est une personnalité à part qui a eu une grande influence dans le monde de la BD nippone. Elevé dans la pauvreté, il devient d'abord assistant du grand Shigeru Mizuki, puis se lance avec ses propres oeuvres. Mais bien vite il se refuse à adopter un rythme de travail qui permettrait de satisfaire son éditeur. Ce comportement dilettante n'arrange pas ses affaires financières, et il se lance dans le commerce d'appareils photos, qui ne marche qu'un temps. Il passe par des épisodes de dépression, tout en produisant des mangas qui rencontrent un certain succès. Sa femme le quitte, et lui-même se retire peu à peu et discrètement de ses activités. Il est aujourd'hui âgé de 86 ans, et une vague inédite d'édition et réédition de ses oeuvres en France a eu lieu depuis quelques années.

L'homme sans talent reprend ce motif d'un homme un peu dépressif et inconsistant, instable, il ne semble pas bien savoir quel sens donner à sa vie. Tout en ayant une opinion construite sur la façon de conduire une affaire professionnelle ou sur l'évolution de la société japonaise (avec un discours critique sur l'occidentalisation), il manque de sens pratique, est de nature oisive et a tendance à rejeter sa nullité sur le dos de son épouse. Ses diffcultés d'argent, son côté artiste fainéant, l'histoire du commerce d'appareils photos sont relatés ici comme étant du passé, son présent étant d'essayer de vendre des pierres d'ornement qu'il trouve dans la rivière proche. Mais il ne vend rien, quand il suffit à chacun de se baisser dans le lit de la rivière pour récolter ces pierres ! Son tout jeune fils Sansûke est heureusement toujours là pour aller chercher son papa alors que celui-ci pourrait parfois penser à mettre fin à ses jours, sans cesse rappelé par sa femme à sa véritable condition de bon à rien. Il croise des personnages un peu flous ou en échec comme lui, un oiseleur, un auteur de haïkus, qui ne font que l'enfermer dans ses pensées rêveuses, l'éloignant de plus en plus des réalités de la vie.

Cette oeuvre est un des fleurons du filon manga autobiographique et du gekiga, s'adressant plutôt à un public d'adultes (mais il n'y a ici pas une scène de sexe) .
L'auteur fait tenir à son héros des propos plutôt négatifs sur l'occidentalisation de la société, tout en prodiguant des conseils à autrui visant à tirer profit de cette nouvelle société de consommation pour réussir dans les affaires, alors qu'il est incapable de gérer les siennes !

Un manga au graphisme simple, à dévorer d'une traite, à la fois assez triste et plein d'humour (certaines situations sont cocasses), qui suscite une forme d'attendrissement, de compassion, mais aussi d'agacement envers ce héros assez doué pour se rendre malheureux tout seul.
Commenter  J’apprécie          280



Ont apprécié cette critique (28)voir plus




{* *}