AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de kuroineko


Le titre et la jolie illustration de couverture, la quatrième, tout conduisait à un récit fantastique. Et c'est effectivement le cas. Mais pas seulement, loin de là. le thème majeur de ce roman adolescent est la descolarisation de collégiens, à l'image de Kokoro, douze ans, la narratrice. Élève de première année au collège, elle n'a pu y rester que quelques semaines avant de se replier dans sa chambre, dans l'incapacité de vivre une vie "normale". Victime de harcèlement, elle n'arrive pas à surmonter peur et malaise.

Alors oui son miroir se met à luire un jour et en passant à travers, elle se retrouve dans un château de contes de fée de type occidental avec une petite fille portant un masque de loup. Elle découvrira dans cet univers fantastique la présence de six autres collégiens japonais qu'elle devine descolarisés également vu qu'ils sont là en journée.
Finalement ce château, ses règles et sa quête de la clé permettant de réaliser un voeu, servent surtout de prétexte à la réunion de ces adolescents mal dans leur peau et avec les autres. C'est l'occasion pour le lecteur d'en apprendre plus sur le système scolaire au Japon, sur les phénomènes de harcèlement et de brimades (ijime). le sujet n'est certes pas nouveau mais il est traité ici en profondeur grâce notamment à la narration à la première personne de Kokoro.

Au-delà du harcèlement, c'est également la hiérarchisation sociale nippone qui se révèle problématique dans les relations. En effet, même enfant et ado, on ne s'adresse pas de la même façon à quelqu'un de plus jeune ou de plus âgé (ne fut-ce que d'un an). de même, pas question d'appeler quelqu'un d'emblée par son prénom. Pas évident dans ces conditions de pouvoir parler facilement, encore moins à coeur ouvert.
Difficile aussi de se sentir ou d'être jugé différent dans un pays où existe le proverbe, ô combien évocateur, "le clou qui dépasse appelle le marteau". Et les professeurs, le plus souvent de renforcer ce système en insistant auprès de l'élève en mal-être pour qu'il fasse plus d'efforts pour s'adapter...

Voilà donc un roman intéressant qui pointe les défaillances du système et explicite les souffrances ressenties par ces ados déscolarisés. Je me suis attachée à leur histoire, leur personnalité, leurs pétages de plomb parfois. L'auteur met également en avant les vertus de la compréhension mutuelle, de l'entraide et, surtout, de l'amitié. Ensemble on est plus fort, bien sûr. Et, en l'occurrence, moins seul, moins relégué dans une solitude faite principalement d'exclusion. Surtout que l'image des parents apportée par les histoires individuelles de chaque personnage se révèle trop souvent accablante.

Enfin, l'ambiance générée par le monde de l'autre côté du miroir multiplie les clins d'oeil aux contes de Grimm, Andersen ou Perrault.

Un livre dont je ne peux que recommander la lecture, aux adolescents comme aux adultes. Lecture agréable et qui donne aussi à réfléchir. Car déscolarisation et mal-être des jeunes ne se limitent certainement pas aux frontières japonaises. Ça permet de mieux appréhender des souffrances qui passent encore trop souvent inaperçues.
Commenter  J’apprécie          293



Ont apprécié cette critique (27)voir plus




{* *}