Depuis ma rencontre avec River, ma vie était une saga en trois volumes. Pleine de rebondissements. De quêtes, de méchants, de meurtres, de résolutions frustrantes et de héros déchirés.
Freddie me répétait souvent qu'il faut saisir le bonheur dès que l'occasion se présente, parce que la vie ne nous laisse pas prendre notre temps.
- Bonjour, Violet. Tu veux une tasse de thé ? Nous avons eu une sacrée matinée. Un rat s'est introduit dans la maison. Heureusement, Sam a réussi à le tuer avec sa batte. Tu as vu, il est juste à tes pieds. N'est ce pas répugnant ? Je parie qu'il a la rage. Sam va le brûler dans le jardin. Violet, tu n'as pas l'air dans ton assiette. Quelque chose ne va pas ?
Sam releva alors la tête. Il avait à peine posé les yeux sur moi qu'il brandit la batte derrière sa tête.
- Je t'avais dit qu'il y en aurait forcément d'autres, Cassie. Les rats se déplacent en bande. Écarte-toi, je dois tuer celui-là, aussi...
La vie était moins dangereuse sans River. Et tout un tas d’autres « moins ». Moins époustouflante. Moins terrifiante. Moins bouleversante. Moins…tout.
Tu me manques salement, River
River s’étira et remua les orteils dans la lumière déclinante du soleil.
— Violet, Violet…Tu te blottis contre moi pour dormir puis t’en vas aussi sec ? Ce serait donc une sieste sans lendemain ?
Avec un sourire, il conclut :
— Oublie le film et rejoins-moi.
J’éclatai de rire.
— Tu m’as dit que tu voulais y aller. Que Casablanca était l’un de tes films préférés.
— Je devais être en pleine crise de somnanlinguisme. C’est comme le somnambulisme, avec la parole.
" On cesse d'avoir peur du diable à l'instant où on lui prend la main."
étrange été que venait de vivre Echo. Un été d'enfants armés de pieux, de diables menaçants, de filles agressés par des inconnus et de garçons qui trouvaient la mort près de la voie ferré.
Freddie me répétait souvent qu'il faut saisir le bonheur dès que l'occasion se présente, parce que la vie ne nous laisse pas prendre notre temps. Elle avait raison. Elle l'a découvert à ses dépens. Freddie était humaine, elle a commis des erreurs. Mais elle a aussi appris à être heureuse quand c'était possible. Elle a prié dieu, et elle a tenu bon.
- Je sais bien, River. Il n'empêche que tu vas devoir apprendre à composer avec l'injustice, comme nous autres qui ne pouvons recourir à l'embrasement. Elle fait partie de la vie. Tu ne peux pas punit tout le monde.
- Je peux essayer.
- Réfléchis plutôt au moyen d'y parvenir sans qu'un village entier s'entre-tue ou qu'un type se tranche la gorge en place publique. La vie n'est pas un western, River. On essaie tous d'être civilisés, et toi, tu tires sur tout le monde, en vrai cow-boy.
Il éclata de rire.
- C'est parce que je rêverais d'en être un.
Ce n'était que le commencement pourtant. Le commencement, puis la suite. Tout ça menait au garçon roux devant moi. et maintenant, j'allais connaître la fin.