AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de kuroineko


Professeure de français et slameuse, Gabrielle Tuloup m'a d'abord enchantée par sa participation au hors-série du Un intitulé "Le Français a-t-il perdu sa langue?". J'y découvris alors une langue riche, expressive et pleine d'énergie. Quand je vis qu'elle avait publié un premier roman, je me ruai à la librairie. Et pourtant, comme Marthe le fit avec le livre de Jacques à l'intérieur du récit, je laissai s'écouler un moment avant d'en entamer sa lecture. Je sentais que j'en sortirais fortement émue.

Le temps est venu. La beauté démarre dès la couverture grâce à la superbe illustration de Stephan Zimmerli. Les teintes de bleus, qui s'assombrissent plus ou moins, cet arbre aux longues et multiples racines, tout incite à la contempler longuement.
Une fois le roman commencé, je n'ai pu le lâcher avant la dernière phrase. Ce serait très exagéré d'affirmer que je l'ai lu en apnée. Ça frôle pourtant la vérité.
L'histoire tient en peu de mot. Nathan, le narrateur, ne parle plus à sa mère depuis des années. Il garde de son enfance le manque d'affection maternelle, sa froideur,  certes compensés par les démonstrations et l'amour du père. N'en demeurent pas moins des blessures d'enfance et des cicatrices mal refermées. Parti travailler en Slovénie, il reçoit un jour un appel de Jeanne, une voisine de sa mère. Celle-ci souffre d'Alzheimer et Jeanne doit lui remettre à chaque visite une enveloppe. Huit lettres en tout que sa mère lui a écrite avant que la maladie n'ait fait trop de ravages.

Avec ces lettres, Nathan se retrouve à découvrir une mère méconnue. Et à devoir apprendre à ouvrir les yeux sur lui-même et sur sa vie, parvenu à quarante ans, l'âge des premiers bilans. Constat amer de solitude et d'incomplétude.

Pour son premier roman, Gabrielle Tuloup démontre avec maestria sa maîtrise des mots. Son récit se révèle profondément émouvant. Elle nous fait pénétrer dans l'intimité intérieure de cette mère et de son fils.

J'en ressors comme prévue émue et ébranlée par les tours que la vie joue. Il est si facile de perdre contact avec ses proches. Comme Nathan le dit au départ : "Brouillés? Non. Je ne me rappelais pas une seule dispute. Je crois plutôt que nous nous étions oubliés à force d'indifférence." Ce qui est sans doute encore pire que la brouille.

Merci beaucoup à Gabrielle Tuloup pour ce bouleversant récit et pour l'élégance de son écriture. J'espère avoir le plaisir de la relire rapidement, poème, article ou roman. Elle est de ces auteurs au style si beau qu'on ne peut que s'en éprendre.
Commenter  J’apprécie          370



Ont apprécié cette critique (32)voir plus




{* *}