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Critique de Lunabiax


Pori, une petite ville finlandaise au bord de la mer Baltique. Une bombe explose dans une boîte de nuit gay, causant la mort de cinq personnes. L'attentat est revendiqué via les réseaux sociaux par un homme qui se fait appeler « l'Envoyé » et veut éradiquer la population homosexuelle. La brigade criminelle de Pori est chargée de l'enquête. Parmi eux, l'inspecteur Henrik Oksman, qui était présent sur les lieux ce soir-là et en est parti avec un autre homme. Il peine à protéger sa vie intime, alors que se déchirent partisans de la cause LGBT et intégristes de toutes obédiences, tenants d'un retour aux valeurs traditionnelles.

Deux vies brisées par les abus du père. A 10 ans, Oksman était puni par son père qui l'enfermait en plein hiver dans le chenil avec son doberman agressif ; au même âge, l'Envoyé était confiné des heures dans une cave où régnait un froid glacial. Pour autant, chacun a choisi un chemin différent : l'Envoyé est devenu un « fou de Dieu » qui interprète la Bible et en tire les principes d'une mission homophobe et violente ; Oksman, lui, a opté pour la police et le respect de l'ordre. le premier est parvenu, d'une façon que l'on découvrira dans le dénouement, à se venger de son père – d'où le titre du roman – alors que le deuxième n'y est pas parvenu. C'est tout l'enjeu du récit, au-delà d'une intrigue bien ficelée, qui monte en puissance à mesure qu'avance l'enquête : Oksman soulève de la fonte et plie son corps à des exercices surhumains mais ne parvient pas à assumer socialement son homosexualité, qu'il cache à ses collègues et surtout à son père, homophobe et raciste convaincu, auteur de violences conjugales. Il continue d'exercer sur son fils une emprise évidente dont ce dernier, malgré son statut de flic et sa force exceptionnelle, ne parvient pas à se défaire.

Dans ce thriller glaçant, Arttu Tuominen fait le portrait d'une population finnoise déchirée entre partisans des droits des LGTBQIA+ - et, d'une façon plus générale, des droits de l'homme – et les tenants d'un retour à l'ordre moral. Les marches des fiertés sont de fait encadrées de près par la police, alors que les contre-manifestants se revendiquent du néo-nazisme, dont le chef n'hésite pas à exhiber dans son QG des boîtes de zyklon-B. On pourra trouver le trait quelque peu forcé, qu'il s'agisse des néo-nazis ou du père d'Oksman, mais l'auteur a pointé du doigt des phénomènes extrémistes qu'on ne peut ignorer, alors que la montée de l'extrême droite gangrène peu-à-peu l'Europe…
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