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Critique de StCyr


StCyr
08 septembre 2013
Comment un bon yankee du Connecticut du XIXème siècle, dirigeant d'une manufacture d'arme, se voit propulsé, par la vertu d'une bonne dérouillée, en l'an de grâce 528, à la cour du Roi Arthur. On est ici en pleine farce satirique, mais le talent de Twain y trouve le terrain le plus propice à son humour burlesque.

Les tribulations de notre américain commencent lorsqu'il est fait prisonnier, au cours d'une parodie de combat, par maitre Keu, grand sénéchal et beau-frère du roi Arthur. Un temps incrédule, pensant être entouré d'une bande d'aliénés, il doit se rendre à l'évidence, il est dans la salle d'arme des Chevaliers de la Table Ronde! Mis tout nu, jeté dans un cul-de-basse-fosse, promis au bûcher, il profite de la crédulité environnante pour se faire passer pour le maître des sorciers, en transformant une éclipse de soleil en sa disparition définitive par lui voulu pour les punir de leur funeste dessein. Il devient ainsi le centre d'intérêt et l'objet de l'étonnement et de la crainte de tout le monde, lui qui semble pouvoir éteindre le soleil tel un vulgaire lumignon; il obtient le titre de ministre perpétuel du roi et de seul mandataire du souverain. Comiquement confronté à l'inconfort total de ces temps reculés, l'américain, secondé par Clarence, son page fidèle, y voit le terrain idéal pour mettre à profit son esprit d'entreprise et la perspective attrayante de tirer parti de treize siècles de savoir en plus vis-à-vis de ces médiévaux congénères pour y tout “inventer”. C'est sans compter avec son ennemi Merlin, qui a juré sa perte, mais dont toutes les tentatives tourneront singulièrement à sa déconfiture...

Le comique de ce roman réside dans l'incompréhension foncière qui sépare le self-made-man américain, sa conception du mérite, et cette société aristocratique où la valeur repose sur les titres nobiliaires et la naissance. Cette fable est aussi le prétexte habile permettant une comparaison, aux profits des premiers, entre libre échange et protectionnisme, démocratie et despotisme, protestantisme et catholicisme. Comme souvent chez Twain, les épisodes bouffons d'un comique hilarant côtoient des passages très noirs de violence et de cruauté. A ce jour, c'est l'oeuvre que j'ai le mieux goûté de cet auteur; je m'y suis franchement amusé et trouvé certaines figures fort attachantes, comme Sandy, l'inépuisable bavarde, ou la fée Morgane, d'une cruauté incroyablement ingénue. On rit beaucoup aux rodomontades outrées des chevaliers, aux superstitions farfelues dont tout se petit monde est farci. du Monthy Python avant l'heure.
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