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Critique de SaveurLitteraire


Il y a de ces thrillers où les personnages fracassés savent nous émouvoir, où l'on craint qu'il leur arrive malheur et où, lorsque ça arrive, on ne peut que se révolter de leur sort, maudire la plume de leur faire subir pareille cruauté. Des romans où chaque personnage n'est qu'un tissu de cruauté ou d'immoralité ; des êtres que l'on aime détester alors qu'ils nous échauffent le cerveau. Blood Orange, signé Harriet Tyce, n'est hélas pas de ceux-ci, malgré son lot d'immoralité et de questionnements.

Des mots durs et sévères pour ce premier Flop absolu 2021, malgré son potentiel fou et son résumé alléchant, il faut bien que ça arrive. Voici donc le programme des réjouissances, sans divulgâcher : Blood Orange est l'histoire d'une avocate qui s'envoie en l'air avec son amant et collègue, qui néglige sa fille à toutes les occasions possibles, se torche à l'alcool à s'en humilier dès qu'on lui propose une sortie, se dispute constamment avec son mari, et lorsqu'elle en a le temps, assume son rôle d'avocate auprès de la cliente qu'elle doit défendre. Construit de manière à ce que le lecteur prenne en sympathie et plaigne cette pauvre âme à qui il faudrait tout pardonner parce que telles raisons.

Le résumé laissait entendre une quête de la vérité et une bataille en justice pour défendre Madeleine, la femme accusée d'avoir tué son mari dans leur maison. Il y a en effet quelques scènes consacrées à cette partie de l'histoire ; intéressantes pour le peu qu'elles en disent, car malheureusement, l'auteure ne fait que survoler ces chapitres. C'est bien dommage, parce que ça donnait l'occasion de découvrir le fonctionnement de la justice britannique, et toute cette partie avec Madeleine donnait l'eau à la bouche, un souffle nouveau et une pause dans la vie d'Alison.

Un « thriller » qui n'a rien d'un thriller, ni d'un polar ou d'un policier, c'est ce que l'on dit à mesure que l'on tourne les pages, de moins en moins avidement, de plus en plus irrité par la narratrice qui, pardon pour le mot, est misérable à souhait. Toute la défense de Madeleine et les quelques sursauts d'intérêt sont engloutis, relégués au secondaire, derrière Patrick, l'amant râclure qu'Alison s'est choisie, avant de vouloir rompre, pour lui céder deux chapitres plus loin, et ainsi de suite. Derrière Carl, dont je ne saisis toujours pas ce que l'auteure voulait en faire, tant ses scènes manquent de cohérence entre elles. Il y avait pourtant un potentiel fou avec ce mari loin de ce qu'on voit habituellement, au chômage, père au foyer discret. Quelque chose qui titillait l'intérêt du lecteur.

Vous l'aurez compris, j'ai fini par lire le reste de ce pavé en diagonale, honte à moi. Comment pourrais-je apprécier un roman quand la narratrice est ce qu'il y a de plus détestable et de plat ? Car Alison est d'une platitude déconcertante, dans son travail comme dans sa vie personnelle. Alcoolique, égoïste à souhait, chouineuse qui ne se remet jamais en question, et pour une avocate, elle manque sérieusement de jugeote et de flair avec ses relations conjugales et extraconjugales. le pire concernant les dénouements : on nous parle de ses compétences tout au long du roman, pour qu'au final, elle ne résolve absolument rien d'elle-même. Quant au sujet abordé avec Madeleine, qui est censé faire écho à la vie d'Alison, c'est à peine si l'on y va en profondeur dans cette thématique importante et prenante, réelle, vécue par de nombreuses personnes.

Harriet Tyce tente de distiller un soupçon de tension ici et là, pour tout balayer d'un revers de phrase trois pages plus loin. Ce qui aurait pu être l'étude d'une vie de famille londonienne rendue difficile par la carrière d'une avocate et ses choix n'est en fait qu'un prétexte pour des parties de jambes en l'air accouplé au désormais infatigable « Tous les hommes sont vilains méchants affreux ». C'est donc affligée que j'aurais fini Blood orange, sans éprouver ni chagrin ni jubilation pour les personnages qui défilent, qui rencontrent leur destin ou non. Ce n'est pas un problème de traduction, ni un problème dans la plume, simplement, les personnages m'ont semblé si plats et caricaturaux, si misérables qu'ils en perdent à la fois leur crédibilité, leur intérêt et leur sens. La toute fin a des airs de ridicule, pour ne pas aider. Je ne peux m'empêcher de penser que j'ai complètement raté l'effet voulue par l'auteure, à savoir me sentir proche d'Alison et avoir de la compassion pour elle.

En dépit de cet avis très négatif, je vous invite quand même à vous faire votre propre vision de ce roman, car sait-on jamais, vous y trouveriez peut-être un coup de coeur ! Laissez-vous tenter, lisez-le sans tenir compte de mes paroles, et revenez me dire si vous l'avez aimé ou pas ! Quant à moi, j'ai déjà son second roman dans ma bibliothèque, je ne m'avoue pas vaincue et je reviendrais vous parler prochainement de The lies you told !

Note : 1,5/5
Lien : https://saveurlitteraire.wor..
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