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Critique de Charybde2


Un décryptage raté, dans la hâte, l'approximation et le mépris, des pop cultures contemporaines.

Publié en 2010, traduit en 2012 chez Galaade par Pierre-Richard Rouillon, cet essai de la pourtant souvent roborative Croate (exilée aux Pays-Bas) Dubravka Ugrešić est hélas bien décevant.

S'appuyant comme dans ses travaux précédents sur sa solide formation universitaire en littérature slave et sur son inépuisable réservoir d'anecdotes et de curiosités issues de l'univers culturel communiste et immédiatement post-communiste, l'auteur essaie cette fois de brosser un tableau (trop rapide et trop à l'emporte-pièce pour pouvoir postuler sérieusement à l'ébauche de "démonstration" revendiquée) de la culture populaire contemporaine, vue comme un gigantesque karaoké, dans lequel minutes warholiennes, détournements et répétitions s'entrechoquent, joyeusement en apparence, tristement et vainement en réalité, pour produire une dissolution générale du goût et de la création.

Thèse séduisante et elle-même extrêmement populaire, au point d'être déjà devenue extraordinairement banale bien avant 2010, elle a été largement développée par l'universitaire américain Alan Kirby ("The Death of Postmodernism and Beyond") et par l'habile vulgarisateur Andrew Keen ("Le culte de l'amateur - Comment Internet détruit notre culture"), qu'Ugrešić cite d'ailleurs d'emblée abondamment.

Las, mélangeant ensuite gaillardement des dizaines d'anecdotes de nature bien différente, témoignant de connaissances terriblement inégales dès qu'elle sort de ses champs habituels de compétence, prenant souvent des vessies (Second Life !) pour des lanternes (World of Warcraft), malaxant sans vergogne un univers de création musicale qu'elle ne connait que par ouï-dire, l'auteur se fourvoie dans le salmigondis même qu'elle essaie de dénoncer, aboutissant in fine à obscurcir l'analyse, par accumulation d'approximations trop vite généralisées, beaucoup plus qu'à l'éclaircir, comme s'y attellent beaucoup d'autres, plus rigoureux sans être nécessairement moins lisibles ou moins drôles.

Une lecture aisément dispensable, donc, à laquelle on préférera sans hésiter les sources d'origine (Kirby et Keen).
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