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Critique de Plumeetencre



"Je puis me rappeler le jour et l'heure où, pour la première fois, mon regard se posa sur ce garçon qui allait devenir la source de mon plus grand bonheur et de mon plus grand désespoir."

***

Stuttgart, 1932. Issu d'une famille bourgeoise juive, Hans Schwarz  - le narrateur - suit sa scolarité dans un des plus prestigieux établissements du Wurtemberg. 

Vif d'esprit, cultivé mais aussi doux rêveur en quête d'idéal, l'adolescent âgé de seize ans se montre assez solitaire. 

Son univers tout entier bascule le jour où Conrad von Hohenfels, membre de la noblesse protestante, fait son entrée au lycée Karl Alexander Gymnasium.

"Jusqu'à son arrivée, j'avais été sans ami. Il n'y avait pas, dans ma classe, un seul garçon qui répondit à mon romanesque idéal de l'amitié, pas un seul que j'admirais réellement, pour qui j'aurais volontiers donné ma vie et qui eût compris mon exigence d'une confiance, d'une abnégation et d'un loyalisme absolus."

Modèle de raffinement, ce nouvel élève incarnant à ses yeux la grandeur de la Nation, l'impressionne autant qu'il le charme. 

*

Entre eux, se tisse une amitié exclusive, entière et passionnée transcendant les différences (sociales, culturelles). 

Bientôt inséparables, ils nourrissent un goût commun pour la littérature,  la poésie, la collection de pièces anciennes ou encore les excursions à travers la capitale. 

Ces instants de partage quasi communiels les tiennent à l'écart de la menace antisémite qui gronde et enfle alentour.

L'Histoire est cependant en marche, prête à sceller de funestes destins. L'évidence de leur rapprochement sera aussi fulgurante que la fin de leur relation. 

Qu'en restera-t-il ? 

*

Voici un récit dense,  fort,  poignant qui nous plonge dans les affres d'une amitié prise dans la tourmente de la seconde guerre mondiale.  

Riche en éléments autobiographiques, il laisse transparaître l'amour teinté de nostalgie de Fred Uhlman pour son pays, la terrifiante immixtion de l'idéologie nazie dans toutes les strates de la société mais aussi les douleurs de l'exil forcé, de la trahison, des deuils et renoncements nécessaires...

Les derniers lignes faisant l'effet d'un coup de poing le rendent absolument inoubliable et donnent tout son sens au titre. 

Paru en 1971, L'ami retrouvé est devenu un classique étudié semble-t-il au collège. Il me tenait à coeur de le découvrir depuis longtemps et sans doute l'ai-je davantage apprécié aujourd'hui qu'il n'en aurait été le cas pendant ma scolarité. 

Dans un style remarquable empreint d'élégance et de délicatesse, l'auteur nous offre un merveilleux ode à la force des sentiments. 

Il laissera son empreinte assurément. 

***

"Parce que c'était lui, parce que c'était moi." (Montaigne)

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