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Critique de bdelhausse


Tomi Ungerer est très connu des amateurs de livres jeunesse. Son style inimitable. Son humour "pince-sans-rire", teinté de surréalisme, d'espièglerie...

Dans cet ouvrage, il livre ses souvenirs de 6 ans de guerre. Il a 8 ans en 1939. 14 ans quand les dernières zones alsaciennes sont libérées (en dernier).

Tomi Ungerer raconte tout sans faux-semblant, sans fards, sans fausse pudeur. Par exemple, lorsqu'il admet reprendre régulièrement à son compte la phrase Kraft durch Freude (la force par la joie)... alors que cette maxime rappelle les heures sombres du nazisme. Mais Tomi Ungerer est un esprit frondeur, fort, difficilement domptable.

Il raconte l'Alsace française, allemande, française, allemande, juive surtout... Il montre la personnalité de sa mère, qui a oeuvré pour préserver la famille, sans se compromettre avec l'envahisseur. Car Tomi Ungerer est clair, l'envahisseur, c'est l'Allemagne nazie. Il avoue que l'Alsace (et sa famille, bien sûr) ont davantage subi les bombardements alliés que l'occupation allemande.

A un moment de l'Histoire où Poutine envahit l'Ukraine, les rouages de la nazification de l'Alsace résonnent dramatiquement dans nos têtes... car ce sont exactement les mêmes que ceux utilisés par les Russes pour assimiler les territoires envahis.

Ungerer nous parle du potager et de l'entraide entre les citoyens et avec les prisonniers de guerre. Il parle auss des initiatives d'assimilation allemandes, au rang desquelles on trouve l'écriture gothique, le fait de renommer les rues, les lycées... et même les changements de prénoms... Jean Thomas Ungerer devient Hans Thomas Ungerer. Ses soeurs changent de prénom. Il faut avoir l'air allemand pour être allemand. Il parle ensuite des camps (tout le monde savait, réaffirme-t-il), de la résistance (et même de sa tentative pour devenir un saboteur... hilarant), de sa mère allant à la Kommandantur réclamer le droit de parler français (qu'elle obtient!), des pieds-de-nez faits à l'envahisseur...

Le tout est écrit avec une verve et un humour que les fans de l'auteur reconnaîtront sans peine. Par ailleurs, Tomi Ungerer possède encore de nombreux documents, dessins, livres, cahiers, objets de la guerre. Ils agrémentent l'ouvrage de fort belle manière. On constate qu'il avait une piètre orthographe, qu'il faisait le désespoir de ces maîtres, mais qu'il dessinait déjà magnifiquement bien, à 12 ou 14 ans. Ses croquis sont révélateurs d'un talent qui n'a cessé de croître. Son récit témoigne d'un esprit libre, puissant et admirable.
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