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Critique de MmeMiko


Barcelone : soleil, mer, fêtes, couleurs, tels sont quelques-uns des mots que l'on choisirait naturellement pour décrire la ville.

Dans ce livre, rien de tel : Barcelone noir, c'est l'envers du décor, ce qui fait l'âme de la ville, derrière ses façades, son caractère noir et tourmenté. Au détour de ses quartiers, des rebonds de l'histoire, des déchirures des habitants, c'est tout une société qui se révèle, bien différente de celle que les touristes peuvent appréhender. Quatorze nouvelles, dans le style du roman noir, sinuent au travers de l'histoire de la ville, de ses quartiers populaires, des changements sociaux qui la touchent.

Le recueil est divisé en trois parties thématiques : Suis-moi si tu peux nous fait sillonner dans les rues, par l'intermédiaire de la fuite ou de la filature, derrière les antagonistes des nouvelles, abordant tout à la fois le passé anarchiste de Barcelone, son rôle de collaboration durant la seconde guerre, la période franquiste, mais aussi l'homosexualité, le racisme et l'intolérance.
Vies protégées, crimes secrets, la seconde partie, est probablement celle qui regroupe les nouvelles les plus inventives, mais aussi celles qui ont entre elles le moins de cohérence.
Enfin, Cramé, troisième partie, tourne principalement autour de la drogue.

On découvre au détour de ces nouvelles une Barcelone jusque-là - pour moi- inconnue, on y sent l'emprunte de l'histoire, de ses bouleversements, architecturaux, dus notamment aux jeux olympiques de Barcelone, mais aussi de ses mutations sociales - mariage homosexuel et homosexualité, disparités entre très riches et très pauvres, toxicomanie...

Toutes les nouvelles ne se valent pas, ni dans l'intrigue, ni dans le style.
Mention spéciale à Sweet croquette, de David Barba, qui nous emmène sur les pas de la gastronomie à la mode moléculaire persillée de crimes abominables ; à L'offrande de Teresa Solana, mettant en scène le suicide d'une jeune femme particulièrement laide autopsiée par le médecin légiste pour lequel elle travaillait, se révélant avoir des organes incroyablement beaux ; et enfin, peut-être surtout, à Quartiers chics : une odieuse famille de riches bourgeois tyrannisant leur employée philippine, chronique de l'esclavage moderne. Et aussi le charme subtil des femmes chinoises, qui m'a par moments glacé le sang.

Ce recueil est desservi par une excellente édition, à la mise en page très agréable. On peut y ajouter une préface excellente, retraçant en quelques lignes l'histoire du roman noir à l'espagnole. Et enfin l'agrément d'une playlist de grande qualité en fin de volume, pour accompagner la lecture de ces petites tranches de vie.
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