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Critique de Babelcoyo


Voilà un petit ouvrage concis à mettre entre les mains de tous les lecteurs. Les féministes (et les juristes) de longue date n'y apprendraient certainement pas grand chose (Gisèle Halimi étant une femme largement citée lorsqu'il s'agit d'établir des listes de grandes figures féministes, d'où son apparition dans cette collection de personnages illustres), mais pour les autres, de loin les plus nombreux, ces quelques 150 pages rapidement parcourues constitueront un bon éclairage sur les combats menés pour l'émancipation de la femme et sur le chemin qu'il reste à parcourir. Songer qu'avant deux grands procès emblématiques de cette éminente avocate, ne datant tous deux que de 1972 et 1978, l'avortement relevait du pénal et que le viol, alors non reconnu comme un crime, était plus ou moins toléré dans la société, fait froid dans le dos à 5 décennies de là. Il en a fallu du courage et de l'abnégation à cette femme, d'abord pour s'extraire de sa condition de femme séfarade vouée à fonder un foyer, ensuite pour affronter, souvent seule, cette justice aveugle construite par les hommes et pour les hommes. Même si l'ensemble - un modèle de vulgarisation qui s'ingère vite - frise un peu l'hagiographie, la forme est suffisamment intelligente pour donner l'impression d'une distance des plus "objectives" avec son sujet. Difficile de ne pas être raisonnablement subjectif dès lors qu'il s'agit de traiter de sujets aussi épidermiques, il faut donc voir cet ouvrage comme un essai de sociologie militante (si tant est que cette discipline existe) plutôt que comme un ouvrage purement historique. L'Histoire aura d'ailleurs un peu injustement retenu Simone Veil comme la figure de proue de la décriminalisation de l'avortement, en oubliant trop rapidement que sans Gisèle Halimi pas d'action politique pour répondre aux contradictions de la justice et au mécontentement grandissant de la société. le combat de Gisèle Halimi ne se résumant pas en fin de compte à une lutte pour les femmes mais bien pour les minorités sociales, puisqu'elle se bat pour la fin de l'hypocrisie d'une fameuse justice à deux vitesses (les riches bourgeoises avortant par ailleurs librement, sans être abandonnées aux mains de faiseurs d'ange plus ou moins précautionneux). Les vertus de ce petit opus sont donc nombreuses, et on se prend à rêver que les jeunes filles d'aujourd'hui le lisent pour ne pas prendre pour acquis ce qui a été obtenu de longue lutte et ainsi trouver la force et l'inspiration de continuer à militer pour la cause. Elles, mais surtout les hommes, encore trop nombreux, qui minimisent trop promptement les violences physiques et psychologiques faites aux femmes. La femme étant un homme comme les autres (pour détourner Groucho Marx).
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