Citations sur Halimi à la plage : La Femme engagée dans un transat (2)
Ce n'est pas là une simple anecdote mais une faille tellurique qui va bientôt diviser la gauche en deux camps à peu près irréconciliables, les universalistes laïques et les communautaristes. L'avocate découvre avec douleur que « SOS Racisme», dont elle est membre depuis le début, déserte le terrain de l'égalité des sexes en soutenant les collégiennes de Creil. Alors elle en démissionne bruyamment en novembre 1989 : « Touche pas à mon pote, ça veut dire aussi touche pas à ma pote, et ça, j'ai l'impression que SOS Racisme l'a complètement oublié. » Face à l'obscurantisme des fanatiques, elle aurait tant voulu que la France des Lumières campe sur ses valeurs, mais elle constate la lâcheté des politiques.
Contournant la loi de 1920 qui interdit la « propagande anticonceptionnelle», comme on dit à l'époque, l'association Maternité heureuse, fondée en 1956 - qui devient Planning familial en 1960 -, pense que la liberté de la contraception fera à terme disparaître l'avortement. La loi de 1967, due au député gaulliste Lucien Neuwirth, autorise finalement la pilule, mais elle n'entre que lentement dans les mœurs : 5 % seulement des femmes en âge de procréer y ont recours en 1970. La liberté de la contraception ouvre cependant le débat sur l'interruption volontaire de grossesse. Est-on libre seulement à moitié de disposer de son corps et de sa fécondité ? Que faire en cas d'échec de la contraception ? Quelques projets fleurissent en 1969 et 1970, sans aucun écho médiatique ; ils sont en plus incroyablement restrictifs, réservant notamment l'IVG aux seuls cas de viols ou de malformation du fœtus.