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Critique de topocl


On pourrait résumer à l'extrême et dire que c'est une femme sur son lit de mort qui voit sa vie défiler sous ses yeux. Mais il y a beaucoup, beaucoup plus à y trouver.

D'abord parce que cela se passe en Afrique du Sud dans les années 1950-90, et si le contexte historique n'est pas réellement présent, l'apartheid est un des éléments clés épiçant cette histoire somme toute banale d'une jeune femme qui croit le paradis à sa porte, et n'en a pas fini de devoir se battre.

Ensuite parce que Milla meurt de la maladie de Charcot, a perdu l'usage de tous ses muscles l'un après l'autre , n'ayant plus que des clignements de paupières pour s'exprimer. C'est un sacré courage, et une sacrée réussite, de décrire cet état de l'intérieur, cette façon de capter les bruits, les atmosphères, les pas autour d'elle, cette façon qu'a Agaat, la servante noire, d'être à la fois aimante et rejetante. Car cette communion curieuse entre les deux femmes n'est que le reflet de la période où Milla a sorti Agaat enfant de la misère, et l'a sauvée d'une mort certaine, les résonances entre les deux époques sont fort puissantes.

Enfin le mode narratif est très particulier avec quatre modes d'écriture : Milla sur son lit d'agonie observant ce qui se passe, un récit de ses jeunes années à la deuxième personne du singulier, doublé des carnets de notes qu'elle tenait à cette époque - avec ce que cela implique d'abréviations, d'absence de ponctuation, d'absence de construction - et de petits textes en italique mi-oniriques, mi-poétique, que j'ai eu un certain mal à suivre, pensée flottante de la malade. Une fois l'habitude prise, c'est une construction magnifique, d'autant que la prose de Marlène van Niekerk est riche, imagée, poétique, très proche de la nature, à la hauteur de cette histoire qui entremêle les époques, aux personnages complexes, tourmentés, insatisfaits, déchirés par leurs petites passions . C'est une écriture savante qui sait rester envoûtante et constitue l'un des charmes du livre.

Cela dit , à cette lecture, je me pose des questions : est il judicieux, pour faire comprendre combien c'est long d'attendre la mort, de faire un livre où le lecteur pense que c'est vraiment long d'attendre la fin? L'ennui du lecteur devient il alors une qualité du livre?
L'art de l'ellipse n'autorise-t'il pas l'auteur à réduire ses récits détaillés et triviaux, à supprimer quelques lignes, voire quelques pages, voire beaucoup de pages, dans les scènes d'affrontements récurrents du couple et surtout dans celles des lavages de dents, passages de bassin, lavement intestinal y compris la mise en place du suppositoire. On me dira qu'il faut ressentir jusqu'au bout ce que ressent la malade, que c'est beau, de partager sa souffrance... On me parlera peut-être d'audace littéraire...Et bien là, l'audace littéraire me lasse prodigieusement.
Ciel, que c'était long!

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