Citations sur Inconsolable (68)
"Qu'avons-nous perdu ?" La question ne se pose pas au passé car l'inconsolable n'a pas d'histoire. Nous en sommes les contemporains, il est avec nous comme nous sommes avec lui, nous sommes faits de lui et il est fait de nous, indépendamment du drame ou de l'absence de drame. Le chagrin avant l'épreuve, le manque avant la perte.
Mon souffle contre le sien, son souffle que je refuse de perdre, le mien que je ne trouve plus.
La tristesse nous attrape et s'arrange pour que nous ne puissions pas l'esquiver en créant en nous l'envie subite de coïncider avec elle.
Il existe une tristesse sans consolation. Un état de l'âme puissant et indépendant de toute causalité explicite. C'est l'inconsolable, ce sentiment de perte qui persiste, la certitude qu'il manque quelque chose à notre vie, comme si nous n'étions pas complets, et que de cette incomplétude originaire naissait non pas de la frustration, ni de la colère, mais un chagrin sans nom et sans visage.
J'entre ici en perdante.
Je sais que les mots ne pourront rien. Je sais qu'ils n'auront aucune action sur mon chagrin.
....Mais comment ne pas comparer ? J'ai l'impression d'entendre Epicure en personne m'expliquer qu'il est absurde de craindre la mort puisque tant que je suis vivante, la mort ne fait pas partie de moi, et une fois que je serai morte, je ne serai plus en mesure de craindre mon état puisque je ne serai tout simplement plus.
Ce n’est pas l’amour fou, mais c’est l’amour doux, la présence agréable, elle vit sa vie et nous la nôtre, et j’aime quand elles se croisent, dans la tendresse et le respect mutuel. Tout en elle est délicatesse, jusqu’à sa manière de réclamer des caresses en s’installant à pas feutrés sur le coussin du canapé quand on regarde la télé.
Nous en sommes les contemporains, il est avec nous comme nous sommes avec lui, nous sommes faits de lui et il est fait de nous, indépendamment du drame ou de l’absence de drame. Le chagrin avant l’épreuve, le manque avant la perte.
Est-ce que la puissance du moteur qui nous fait écrire n’est pas plus forte que la qualité du résultat ? Malheureusement je ne le crois pas. Alors où commence le travail que l’on fait après, tiens avec toutes ces phrases je vais faire un roman, tralala, voici une histoire bien léchée, un début une fin et au milieu un sacré retournement, un prix et hop ! une vie d’écrivain couronnée.
Sa correspondance peut décourager immédiatement toute velléité d’écriture. L’erreur serait de se dire : si je ne fais pas comme lui, si je ne voue pas toute ma vie à l’Art, aux dépens de tout le reste, si je ne m’enferme pas seul dans ma tour d’ivoire normande de mes vingt ans jusqu’à mon dernier souffle, je n’écrirai jamais.