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Critique de latina


Plongée dès la première ligne dans le voyage au bout de la souffrance, de l'humiliation, de la fatigue extrême d'une travailleuse pour nos vêtements occidentaux.
Oui, derrière ces ourlets cousus soigneusement, dans les plis bien repassés de ces robes, derrière les cols de ces chemises, se trouvent la souffrance, l'humiliation, la fatigue d'une petite Chinoise ou d'une autre de ces travailleuses de l'ombre dont on ne parle jamais.

Sophie van der Linden l'a fait, et de façon bien passionnelle, en se coulant dans la voix de Mei, 17 ans, ouvrière à l'usine de confection pour que son grand frère puisse aller à l'université. Nous sommes en Chine, c'est vrai… En Chine où, non seulement les filles doivent être soumises à leurs parents et leur obéir, mais aussi où elles sont soumises au patron et au contremaitre, et doivent accepter les brimades, l'humiliation, l'absence de liberté, y compris des sentiments. Nous sommes au 21e siècle…
« Ce ne sont d'ailleurs plus des heures ni des minutes, c'est un temps arrêté, mou, de souffrance, dans lequel on s'englue »

Je me suis jetée avec horreur dans ce récit pour suivre les phrases lancées, les mots catapultés, pleins de douleur mais aussi de sensualité et d'appétit de vivre. La nature est là, au bout de la cour d'usine, avec ses rivières et ses grands arbres. Avec un domaine abandonné où rêver à l'amour…
Mais la douleur surnage, envers et contre tout désir de bonheur.
« Je n'ai pas été au bout de ma douleur car je sais qu'elle est sans fin. J'ai repoussé ma colère au fond de mon ventre, je l'ai ratatinée jusqu'à en faire un petit paquet de rien. Et je l'ai laissée là, en me jurant de ne jamais l'oublier. Et de revenir la chercher s'il le fallait ».

Roman très court mais magistral, d'où je ressors beaucoup moins naïve, beaucoup moins innocente, en songeant à toutes celles qui oeuvrent pour nous, dans les fabriques du monde.
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