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Critique de Sharon


Se demande-t-on comment les vêtements Made in China que l'on porte sont fabriqués ? Mei et ses compagnes d'infortune reçoivent des commandes – mille cinq cents pantalons, cinq cents chemisiers – et n'ont que quelques jours pour les exécuter. Elles passent leurs journées à l'usine, ne se lèvent que pour avaler un bol de soupe ou regagner leur dortoir, à l'aube parfois, pour boucler la commande. Paraphrasant Voltaire et son Candide, je répondrai : "c'est à ce prix que l'on porte des vêtements en Europe."
Mei est différente, Mei aurait pu poursuivre ses études, comme le souhaitait son institutrice. Ses parents ont envoyé son frère à l'université, ils l'ont envoyé à l'usine. Mei possède un livre, cadeau de sa grand-mère défunte, différente elle aussi, survivante des événements qui ont secoué la Chine. Elle écrit des poèmes, aussi, et rêve, à une autre existence, à une autre vie possible. Certaines de ses camarades rêvent aussi, à un meilleur emploi (dans un bureau), à un mariage qui les sortirait de cet atelier. Rêve bien plus prosaïque. La révolte ? Impossible. A la moindre rébellion, c'est la paye du mois toute entière qui saute. Parle-t-on bien toujours de condition de travail ou d'esclavage ? Mei et ses compagnes ne font plus qu'un avec leur machine, et les tissus défilent, défilent, défilent, au point que le soir, il n'y a plus de place que pour l'épuisement.
Un temps, très bref, Mei s'évadera. Comme une trêve dans la répétition des jours, des gestes. Un temps trop bref. La société prime sur l'individu, et peu ont le courage de vivre leur vie, d'affronter le regard des autres, la peur des jours à venir, la solitude aussi, sous une certaine forme.
La fabrique du monde est un premier roman concis et touchant.
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