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Critique de adtraviata


A Bas-les-Monts, c'est la guerre : la guerre contre les incendies de forêt qui se multiplient en cet été caniculaire. D'emblée, on comprend que le dérèglement climatique est de pire en pire au point que les pompiers de métier ne suffisent plus et que les citoyens de 18 à 40 ans (garçons obligatoirement et filles volontaires) sont mobilisés de longues semaines pour combattre les feux. Et de fait, on est bien dans un vocabulaire de guerre, comme une guerre de tranchées où le feu est un personnage à part entière et où les caractères et les amitiés sont bien typés. Nino l'idéaliste activiste et Joseph le poète sont les personnages les plus importants mais les autres le sont aussi. Jules est le témoin des faits avec son caméscope. Capelli est la grande gueule de service. Paul, surnommé Pollen à cause de ses allergies, souffre particulièrement de ce service plus qu'éprouvant. le chef Montiel est la référence de la troupe. Quant aux femmes du roman, elles jouent un intéressant rôle de contrepoint : la mère et la petite soeur de Nino gardent l'espoir de garder ou de retrouver le monde « d'avant », Lola agit dans l'ombre pour tenter de conscientiser les gens à l'injustice de la situation, à la part de responsabilité de chacun et du gouvernement. La romancière, rencontrée le 15 octobre chez Chantelivre à Tournai, est sans doute un mélange de Lola et de Nino : elle a souligné (si besoin en était) à quel point tous les vivants, humains, animaux, végétaux sont liés et exploités par le capitalisme. Elle prône la révolution, « ne comprend pas pourquoi les gens ne se révoltent pas pour avancer, changer vraiment le monde » mais reste nuancée dans ses propos. Son livre n'est absolument pas moralisateur.

Pour raconter cette histoire, Sophie Vandeveugle, 25 ans (et de ma région !) et un talent déjà reconnu par le prix Fintro du premier roman (qui récompense un roman engagé). La jeune autrice « écrit toujours pour une urgence, pour dénoncer des choses, montrer comment elle perçoit le monde ». Elle « a l'exigence de de bien écrire, d'être assez poignante tout en proposant une grande réflexion ». Elle tient au beau style, « elle aime les belles phrases pour qu'on ne lui reproche pas un roman de pures idées ». Son style d'écriture accompagne parfaitement son propos : les phrases sont parfois tordues, étirées comme les flammes, on étouffe avec les oiseaux dans l'air brûlant, on a la gorge serrée devant ces animaux désorientés, massacrés par le feu, on est perdus, encerclés par les flammes, parfois découragés mais jamais vaincus comme ces jeunes gens avec qui on goûte un peu de repos lors d'une soirée au village ou dans la crypte de l'église.

« Feu le vieux monde », un titre aux significations multiples pour souligner la force – et la poésie, malgré tout – de ce premier roman que je vous recommande… chaudement.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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