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Critique de BazaR


Pas mal ce rapport de police de Castreau, très littéraire, un style vaguement ressemblant à celui de Fred Vargas. Elle pourrait le publier en roman.
Castreau s'est même permis de proser autour des profils psychologiques des protagonistes, même de ceux de ses supérieurs. Et je peux vous dire que ça fait bizarre de se voir décrit comme ça. On a tous l'air d'être des hallucinés complètement décalés de la vie planplan des gens normaux. Ça a failli me mettre en colère.

Je ne me suis pas présenté au fait. Je m'appelle Danglard, le principal adjoint du commissaire Adamsberg. A lire Castreau, il n'existe pas duo plus mal assorti. Nos techniques d'investigation sont aux Antipodes. J'aurais beau démonter son cerveau neurones par neurones comme un horloger, je ne comprendrai jamais comment il fonctionne, Adamsberg. Moi je suis un mariage d'Aristote et de Sherlock Holmes, mais moins doué que ses parents. Je ne me base que sur les faits et j'applique la logique cartésienne. Ça évite les erreurs judiciaires. Ok je ne suis pas 100% efficace toute la journée car je ressens l'appel de la bibine ; tout le monde a ses soucis et j'en ai plus que ma part. Mais je suis teigneux, je ne lâche rien.
Adamsberg, lui, c'est… une sorte de boîte noire incompréhensible qui se nourrit des données, laisse son cerveau travailler en arrière-plan et ressort des résultats. Tout à fait comparable aux réseaux de neurones utilisés pour le machine learning. le commissaire vous sort le meilleur résultat possible, mais quant à remonter le fil du raisonnement, tintin ! Bon sang c'est frustrant et vexant !
Et pendant ce temps, lui, il se balade, boit des cafés, interroge ici et là quand il sent « la puanteur de la malignité », dessine sur des bouts de papier posés contre son genou ou regarde dans le vague. Un zombi autiste paraîtrait plus éclairé.
Mais à la sortie : bim, bam, boum, tout est révélé. Un vrai mystère d'Éleusis.

Mais comme chez Vargas, les gens normaux n'existent pas. Tout le monde a un grain de folie dans ce rapport. On se croirait chez Jean-Pierre Jeunet. C'est plaisant, on se croirait dans un conte. Castreau (Vargas si vous préférez) s'y entend pour activer les automatismes des lecteurs et les envoyer dans le mur. Je n'aurais pas participé à l'action, j'aurais été piégé comme un bleu.
Mais CastreauVargas en fait trop sur la prose descriptive du commissaire, de Danglard, de Mathilde, de Charles. Il ajoute sans cesse des chapitres pour refaire un tour autour de leur état d'esprit. Ça finit par être lassant parce que, en attendant, l'investigation reste en rade. Ok, il faut le temps que la boîte noire du commissaire traite les données. Il faut donc des données, donc des morts.
Par rapport au seul Vargas que j'ai lu – Pars vite et reviens tard –, il manque aussi cette dimension Histoire, où les faits ne se comprennent qu'à l'aune de connaissances historiques affutées. Quand on l'attend et que ça ne vient pas, on finit triste.
Et puis CastrasVargeau ne devrait pas écrire sur les amours d'Adamsberg tout aussi issus de la quatrième dimension que le reste. Sa Camille de rêve, c'est son carburant. Sa présence expliquerait presque le fonctionnement de l'esprit du commissaire. Mais on n'a pas à le savoir. D'ailleurs Danglard n'en sait rien. Mais suis-je encore Danglard, ou suis-je à nouveau BazaR ?

Bref un polar halluciné, avec un ventre mou qui a besoin d'exercices de gainage, et un final époustouflant dont on ne comprendra jamais comment la solution est sorti de la tête d'Adamsberg.
Et je m'aperçois que ce billet est halluciné aussi. le vin de Danglard, sûrement.
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