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Critique de michfred


Ce que j'aime, chez Vargas, c'est sa façon de tourner en rond, lentement, nonchalamment, par cercles concentriques, comme on griffonne sur un carnet de croquis.

Petit à petit, les cercles se détachent, se distinguent, on continue à tournoyer, mais c'est comme un ciel plein de planètes qui virevoltent chacune sur leur erre: cette fois, il y a des galaxies partout, on est perdus...Puis, insensiblement, les cercles se recoupent, se resserrent, et on touche le centre, le point névralgique. On y est. Enfin. Et c'est la fin, ou presque. On ne l'a pas sentie venir.

Vargas c'est Adamsberg, qui dessine, pour démêler son écheveau d'algues emmêlées. C'est Adamsberg qui gratte le papier de son crayon HB, et qui gratte son idée- pas- finie -qui- le -démange. Et qui arrache les grattons des gratterons accrochés à ses bords de pantalons...

Vargas, c'est Retancourt, la mère qui protège des brumes, la géante qui enlève et soulève... Chez Vargas , les humbles, comme Céleste, les tendres, comme Estalère, comme Amédée, les bêtes comme Marc sont toujours à l'abri d'une épaule, d'une cabane, d'une divinité tutélaire...

Vargas, c'est Danglard, le lettré, l'ésotérique, le fou d'histoire. Dans chacun de ses livres, elle nous ouvre une porte sur un pan inconnu ou méconnu d'histoire, de mythologie, de géographie.Ici, deux: la Terreur et l'Incorruptible, L'Islande et ses afturgangas...

Vargas c'est un monde, ou plutôt un microcosme: celui d'un commissariat où même les brutes sont sympathiques, où les idiots sont gentils, où les intellectuels sont fragiles, les chefs pleins de doutes.

On est heureux de les retrouver,tous, ses personnages familiers, et de plonger à leur suite dans une intrigue jamais banale -même si trame est celle des dix petits nègres, si l'on veut simplifier-

La subtilité des méthodes intuitives d'Adamsberg, l'érudition solide et jamais gratuite de l'intrigue fait que nous nous remettons avec bonheur entre ses pages, comme on se mettrait entre les mains d'un fabuleux acupuncteur, d'un chiropracteur de génie, d'un chiromancien bienveillant parfois...

Je ne vous raconterai pas l'histoire...Laissez-vous voyager, de planète en planète, d'ébauche en esquisse, de la Montagne à la Plaine, du Creux à l'île tiède...et relevez patiemment les signes dont Vargas émaille son récit...Cherchez, grattez là où une petite idée a commencé à faire son chemin, creusez, creusez... patient travail.... comme les fourmis de Céleste, ne lâchez pas la piste...
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