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Critique de Presence


Ce tome contient les épisodes 1 à 5 d'une série indépendante de toute autre. le scénario est Brian K. Vaughan et les dessins de Tony Harris, encrés par Tom Feister.

De nos jours, un homme déclare qu'il va raconter les 4 années pendant lesquelles il a été le maire New York, de 2002 à 2005. La scène suivante se déroule en novembre 1976 : le jeune Mitchell Hundred observe sa mère en train de gérer des élections pour une ligue féministe. 2 pages plus loin, le récit a fait un bon au 09 janvier 2002 : lors d'un discours en public Hundred (maire de New York) est victime d'une tentative d'assassinat. Il arrête le tueur en parlant à son pistolet. Il se fait tancer par Rick Bradbury (son garde du corps personnel) pour s'être lancé dans l'action au lieu d'avoir laissé les agents de sécurité s'en charger. de retour au 18 octobre 1999, le lecteur assiste à l'incident qui a permis à Mitchell Hundred d'acquérir sa capacité à se faire obéir des machines. Les allers-retours temporels alternent ainsi permettant de découvrir quelques fragments de sa tentative d'être un superhéros nommé Great Machine, comment il a recruté son directeur de campagne, etc. Dans cette première histoire, en tant que maire, il doit également gérer l'exposition d'une oeuvre d'art (partiellement financée par des fonds publics) créant une forte polémique, et l'assassinat de 2 conducteurs de chasse-neige.

La façon la plus simple de parler de cette série serait de la décrire comme un croisement improbable entre une série de superhéros adulte dans son traitement, croisée avec une série de politique fiction de type The West Wing, à l'échelle d'une municipalité et non de la Maison Blanche. Ce serait à la fois réducteur et trompeur. Il s'agit donc d'une série terminée en 50 épisodes plus 4 numéros spéciaux publiés en 5 ans d'août 2004 à août 2010, avec un seul et unique scénariste : Brian K. Vaughan, déjà connu pour un passage sur Swamp Thing, la série "Y, the last man" (à commencer par Unmanned) et d'autres encore.

Vaughan a choisi de fragmenter sa narration sur plusieurs années différentes. le récit principal suit les activités de Mitchell Hundred alors qu'il entame son mandat de maire. Au fur et à mesure les retours en arrière viennent apporter des informations complémentaires sur les actions de Hundred en tant que superhéros, ou jeter un éclairage sur ses relations avec Rick Bradbury (chef de la sécurité), Ivan Tereshkov (surnommé Kremlin, ami de la famille s'étant régulièrement occupé de lui), Amy Angotti (la préfète de police de New York), Dave Wylie (son responsable de compagne et premier adjoint), Candice Watts (la chef de son cabinet), et Juliane Moore (une jeune stagiaire). Son récit est essentiellement porté par les dialogues ce qui met l'inventivité de Tony Harris à rude épreuve. Il se retrouve contraint de devoir trouver des mises en scène et des directions d'acteur pour rendre ces scènes de dialogues vivantes. Pour être honnête, il lui reste des progrès à faire. le résultat est à mi-chemin du pire (que des cases de têtes en train de parler), et du meilleur (les dialogues prononcés pendant que les cases montrent les actions accomplies en même temps par les personnages). 2 scènes de dialogue sur 3 montrent les activités des personnages et deviennent vivantes ; pour l'autre tiers les personnages sont statiques et les images n'apportent pas beaucoup d'informations supplémentaires.

À part pour les scènes de dialogues, les pages de Tony Harris sont très agréables à lire. Il apporte un regard dissocié des comics de superhéros, avec des éléments qui prouvent qu'il prête attention à l'architecture, la décoration et l'aménagement intérieur. Les décors ne constituent pas une analyse critique de l'architecture de NewYork, ou un catalogue d'ameublement, mais Harris insère de temps à autre un élément qui dépasse la représentation basique. Par exemple il dessine un escalier métallique en colimaçon qui montre qu'il a une idée assez précise de cet objet dans la réalité. Les fauteuils et la table présents dans le bureau de réunion de la mairie correspondent à ce que l'on peut trouver dans ce genre de pièce. En outre, petit à petit, Harris développe sa capacité à faire exprimer des émotions ou des intentions au travers du langage corporel des individus. La dernière scène entre Hundred et Journal Moore en dit très long sur leurs sentiments, tout en implicite.

Au début le papillonnage d'une année à l'autre peut être assez agaçant, comme si l'auteur n'arrêtait pas de zapper de peur de perdre l'attention du lecteur, ce qui oblige ce dernier à essayer de reconstituer la chronologie des événements pour s'assurer de ne pas passer à coté d'un lien de cause à effet. Au fil des pages qui se tournent, le lecteur a la surprise de découvrir que Vaughan propose une approche du superhéros Great Machine très réaliste. En gros dans son costume, Mitchell Vaughan est un amateur dont l'efficacité des interventions est limitée par son manque de savoir faire. Hé oui, dans la réalité, le concept de superhéros n'est pas viable. de ce point de vue, sa description des interventions de Great Machine est aussi intelligente que novatrice. Coté politique, le lecteur a l'impression que Vaughan attaque le sujet par un petit morceau. On a du mal à croire que le quotidien du maire de New York se limite à rencontrer son équipe rapprochée (une demi-douzaine de personnes maximum) et qu'il résout par lui-même des situations épineuses. Passé cet aspect un peu simpliste, Vaughan met en scène 2 problématiques (le financement public d'une oeuvre d'art polémique, et le maintien de la viabilité hivernale) qui prouvent qu'il a une connaissance pas si superficielle que ça des missions d'une municipalité. Il traite la résolution de ces 2 conflits d'une manière romancée avec un ou deux raccourcis qui font sourire (les talents d'orateur exceptionnels de Journal Moore), mais ça n'enlève rien à la pertinence de ces problèmes.

Brian K. Vaughan et Tony Moore agrippent le lecteur pour le projeter dans un récit à la structure temporelle alambiquée. Ils captent ainsi son attention et lui proposent de découvrir le maire de New York qui est un ex-superhéros, en train de gérer une oeuvre d'art polémique cofinancée par la municipalité, et un retard dans le déneigement des rues de la ville. Ces épisodes ont été réédités en format "deluxe" dans Ex Machina vol. 1 (épisodes 1 à 11). L'histoire se poursuit dans Tag (épisodes 6 à 10).
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