AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Mnemosynnaf


La dernière page de la Semaine perpétuelle est tournée. Quelque chose ne veut pourtant pas finir. J'aimerais me lover dans la poésie de Laura Vazquez, qui va inévitablement m'échapper. Se brouiller. Je fais déjà un effort pour appréhender totalement cette prose, les souvenirs que j'en ai, mais une sensation de flou me panique.

Le roman et les personnages de Laura Vazquez ont une beauté évanescente : ils sont leurs pensées. Ils sont les flux de pensées qui les traversent, et ces flux de pensées forment le tissu de la Semaine perpétuelle.
Certains parleront de roman choral. Je leur laisse le soin de la définition. D'autres diront qu'au coeur de ce roman, la pensée ne s'arrête jamais, qu'elle se déploie, qu'elle ricoche, qu'elle pulse et coule. Oui, Laura Vazquez a l'amour de la pensée, de l'idée menant à une idée, perpétuellement. Elle a l'amour des êtres traversés continuellement par les idées qui se forment dans leur esprit à leur contact du monde. Personne n'illustre mieux que Laura Vazquez l'image de la pensée comme d'une chaîne nous reliant aux autres et à la vie dans une logique infinie.

Contrairement à ce que j'ai pu entendre dans une émission de radio, La Semaine perpétuelle ne se moque pas du rapport de Salim, Sara et Jonathan à leur portable. Internet et les réseaux ont la forme tentaculaire de la pensée. Par ces intermédiaires, les personnages expriment leur amour de la beauté, leur amour du monde et du mystère. Toutes choses que Laura Vazquez nous donne à voir par un renversement du regard au moyen d'une sorte de focalisation sur l'invisible, sur les phénomènes ténus du vivant, ceux qui nous entourent mais que nous finissons par ne plus voir. Ceux que nous n'avons même jamais connus, la vie se déployant dans un mille feuilles vertigineux.
Dans le retrait de la vie sociale, Salim, Sara et Jonathan accèdent paradoxalement aux plis de l'existence, aux interstices où se cache une autre réalité, celle des requins vieux de 400 ans, celle "de tous les êtres dans le monde, les tigres, les mouches sur les carreaux", celle où "rien n'est dégueulasse en ce bas monde, car de la putréfaction naît le pur".

La Semaine perpétuelle est une expérience de lecture déconcertante et bouleversante.
Commenter  J’apprécie          70



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}