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Critique de Ascyltus


Ces deux discours marquent chacun une étape essentielle dans le combat pour le droit des femmes. Or il est intéressant de constater qu'ils sont prononcés devant une Assemblée à majorité conservatrice, par un député et une ministre qui font partie de cette majorité, et qui ont donc dû composer avec l'opposition, voire l'hostilité d'une grande partie de leur propre camp (c'est avec les voix de gauche que ces deux lois ont été votées).
Ce qui frappe donc dans ces discours, ce sont moins les arguments qui s'y trouvent que ceux qui n'y sont pas, et qui sont pourtant parmi les plus importants pour la réflexion actuelle sur l'avortement. Ainsi, Simone Veil ne se fonde pas du tout sur l'argument du droit pour la femme à disposer de son propre corps. Au contraire les aspirations individuelles des femmes sont sans cesse effacées derrière leurs supposés devoirs envers leur famille et la nation (faire de nombreux enfants), comme si la femme n'était pas encore vue comme un être doué d'autonomie. D'ailleurs, la sollicitude de Simone Veil envers les femmes souhaitant un avortement, immanquablement présenté comme un drame, reste assez infantilisante.
Le discours de Neuwirth est assez médiocre, et même confus ; on peine à comprendre ce qu'il cherche à démontrer. Celui de Simone Veil est brillant, car elle sait s'adapter à son auditoire, en se revendiquant du soutien de tout le Gouvernement et du Président de la République, et se montre pleinement à la mesure de l'événement.
Une dernière remarque concernant l'édition : ne pas respecter l'ordre chronologique et faire figurer le discours de Veil sur l'avortement avant celui de Neuwirth sur la contraception n'a aucun sens ! Au contraire, cela empêche de montrer comment la réflexion sur ces sujets a évolué en sept ans.

Enfin, une petite anecdote que j'ai apprise à l'occasion de cette lecture, quoique sans aucun rapport avec les deux discours : Lucien Neuwirth, résistant, a été fusillé en 1944 par les Allemands, âgé de vingt ans seulement, et a survécu car une balle a été arrêté par son portefeuille ! Et l'on se rappelle alors que ces débats essentiels étaient tenus dans une Assemblée où de tels héros n'étaient pas rares, et, en 1974, conduits par une rescapée de la Shoah.
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