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Critique de DemainJeLis



Il y a les histoires que l'on se raconte de génération en génération, et celles que l'on ne raconte pas. Il y a les vides de la mémoire, les cases manquantes, les trous béants laissés par le tabou.

Dans son livre éponyme paru aux editions Grasset, Léa Veinstein redonne corps à Isaac, son arrière grand-père rabbin. “Je ne connaissais pourtant rien de lui, pas même son prénom. La mémoire familiale l'avait effacé. Mais les hasards de la vie m'ont ramenée jusqu'à lui. Je me suis mise à chercher, à parler aux témoins et à mes proches, à tenter de comprendre. J'ai découvert qu'il avait officié durant cinquante ans à la synagogue de Neuilly, y compris pendant l'Occupation. Qu'il y avait chanté, avec une voix si claire qu'elle résonne encore pour ceux qui l'ont entendue”

Son enquête la mène à un paradoxe : comment un rabbin a-t'il pu continuer à officier dans une synagogue sous l'occupation, avec l'aval des autorités ? le tabou familial se double d'un tabou historique - sa recherche ne plaira pas à tout le monde.

Léa Veinstein rapporte ce fait frappant : lors de la visite d'une synagogue à Paris, elle demande au guide si cette dernière était ouverte pendant la guerre. le guide est agacé “Vous savez, l'occupation a été une période très dure pour les Juifs, il ne faut pas croire. Vous pensez sérieusement qu'ils pouvaient se réunir et prier en toute tranquillité ? Vous vous rendez compte de la menace qui pesait sur eux ?”. Elle expose le résultat de ses recherches mais cela ne convainc pas, l'assemblée devient agressive, le gardien de la synagogue doit intervenir pour nuancer les propos de chacun. Edifiant.

Au fur et à mesure qu'elle sonde la vie de cet ancêtre oublié, Lea Veinstein interroge la mémoire collective, ses zones d'ombres, ses silences.

Je vous conseille ce récit court et passionnant, qui redonne vie à des fantômes, nos propres fantômes.
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